Мегрэ и тело без головы

Georges SIMENON





                MAIGRET

                ET LE CORPS SANS ТЁТЕ





ROMAN PDLICIER

Комментарии и словарь
О. П. Панайотти

ИЗДАТЕЛЬСТВО ШР© Санкт-Петербург

  УДК 372.8
  ББК 81.2 Фр-93
         С 37












     Сименон Ж.
  С 37 Мегрэ и тело без головы: Книга для чтения на французском языке. — СПб.: КАРО, 2012. — 256 с. — (Серия “Roman policier”).
         ISBN 978-5-9925-0744-7.
         Из канала Сен-Мартен в Париже вытащили челове-чекую руку. После прибытия полиции удалось извлечь и остальные фрагменты тела незнакомца, кроме головы. Комиссар Мегрэ начинает расследование и находит преступников, оказавшихся жертвами обстоятельств.
         Неадаптированный текст романа снабжен комментариями и словарем. Книга предназначена для студентов языковых вузов и всех любителей детективного жанра, владеющих французским языком.
УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93

ISBN 978-S-992S-0744-7

© КАРО, 2012

            КОМИССАР МЕГРЭ, ГЕРОЙ СИМЕНОНА






   Романы Сименона о комиссаре Мегрэ отличаются от большинства классических и современных детективных произведений. В основе всех этих романов — сложные преступления, а их расследование напоминает хитроумную головоломку. Сименон же ставит себе целью объяснить социальные и политические мотивы преступления. Его герои — не профессиональные убийцы и мошенники, а обыкновенные люди, которые нарушают закон не в силу своих преступных наклонностей, а в силу обстоятельств, оказавшихся сильнее и их, и человеческой природы вообще.
   Свой первый роман из «Цикла Мегрэ» Сименон написал всего за шесть дней, а другие пять — за месяц. Всего же вышло восемьдесят произведений, где действует знаменитый комиссар парижской Криминальной полиции. Его образ настолько полюбился читателям, что еще при жизни писателя в городе Делфзейл, где он придумал своего героя, был воздвигнут бронзовый памятник этому литературному герою.
   Комиссар Мегрэ совсем не походит на других знаменитых «литературных» сыщиков — Эркюля

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КОМИССАР МЕГРЭ, ГЕРОЙ СИМЕНОНА

Пуаро Агаты Кристи или Шерлока Холмса Конан Дойла. Он не обладает выдающимся аналитическим умом и не применяет в своих расследованиях никаких особых методов. Это обычный сотрудник полиции со средним медицинским образованием. Он не отличается особой культурой, однако имеет удивительное чутье на людей. Комиссар Мегрэ от природы наделен здравым смыслом и имеет огромный жизненный опыт. Прежде всего он хочет понять, почему человек стал преступником, поэтому, невзирая на насмешки коллег, копается в его прошлом.
   Так произошло и в романе «Мегрэ и тело без головы». В винт перегруженной баржи, когда она проходила по каналу Сен-Мартен в Париже, попала человеческая рука. Очевидцы вызвали полицию, и вскоре из канала было извлечено множество фрагментов тела неизвестного мужчины, за исключением головы. Установить личность погибшего трудно, еще труднее — найти его убийцу. Приехавший на место преступления комиссар Мегрэ и его молодой помощник зашли в бар неподалеку — им нужно было позвонить в комиссариат полиции. Мегрэ завязал разговор с хозяйкой заведения. Ее односложные ответы на все вопросы показались странными комиссару, он чувствовал, что она чего-то недоговаривает. Постепенно полицейские разматывают клубок, и в конце картина становится ясна — все герои драмы, случившейся на северо-востоке Парижа, вдали от фешенебельных улиц и площадей, стали жертвами стечения обстоятельств.

            Chapitre 1


            LA TROUVAILLE DES FRERES NAUD






   Le ciel commen^ait seulement a palir quand Jules, 1 aine des deux freres Naud, apparut sur le pont de la peniche, sa tete d’abord, puis ses epaules, puis son grand corps degingande. Frottant ses cheveux cou-leur de lin qui n’etaient pas encore peignes, il regarda I’ecluse, le quai de Jemmapes a gauche, le quai de Valmy a droite, et il s’ecoula quelques minutes, le temps de rouler une cigarette et de la fumer dans la fraicheur du petit matin, avant qu une lampe s’allu-mat dans le petit bar du coin de la rue des Recollets.
   A cause du mauvais jour, la facade etait d un jau-ne plus cru que d’habitude. Popaul, le patron, sans col, pas peigne lui non plus, passa sur le trottoir pour retirer les volets.
   Naud franchit la passerelle et traversa le quai en roulant sa seconde cigarette. Quand son frere Robert, presque aussi grand et efflanque que lui, emergea a

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MAIGRET LE CORPS SANS ТЁТЕ

son tour d’une ecoutille, il put voir, dans le bar eclai-re, Jules accoude au comptoir et le patron qui versait un trait d’alcool dans son cafe.
   On aurait dit que Robert attendait son tour. Il roulait une cigarette avec les memes gestes que son frere. Quand l’aine sortit du bar, le plus jeune des-cendit de la peniche, de sorte qu’ils se croiserent au milieu de la rue.
   — Je mets le moteur en marche, annon^a Jules.
   Il у avait des jours ou ils n’echangeaient pas plus de dix phrases dans le genre de celle-la. Leur bateau s’appelait Les Deux Freres. Ils avaient epouse des sceurs jumelles et les deux families vivaient a bord.
   Robert prit la place de son aine au bar de Popaul, qui sentait le cafe arrose.
   — Belle journee, annon^ait Popaul, court et gras.
   Naud se contenta de regarder par la fenetre, le ciel qui se teintait de rose. Les pots de cheminees au-des-sus des toits, etaient la premiere chose, dans le paysage, a prendre vie et couleur tandis que sur les ar-doises ou les tuilles, comme sur certaines pierres de la chaussee, le froid des dernieres heures de la nuit avait mis une delicate couche de givre qui com-men^ait a s effacer.
   On entendit le toussotement du diesel. L’arriere de la peniche cracha, par saccades, une fumee noire. Naud posa de la monnaie sur le zinc, toucha sa

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casquette du bout des doigts et traversa de nouveau le quai. L’eclusier, en uniforme, avait fait son apparition sur le sas et preparait I’eclusee. On entendait des pas, tres loin, quai Valmy, mais on ne voyait encore personne. Des voix d enfants parvenaient de I’inte-rieur du bateau ou les femmes preparaient le cafe.
   Jules reapparut sur le pont, alia se pencher sur l’arriere, les sourcils fronces, et son frere devinait ce qui n’allait pas. Ils avaient charge de la pierre de taille a Beauval, a la borne 48 du canal de 1’Ourcq. Comme presque toujours, on en avait embarque quelques tonnes de trop et, la veille deja, en sortant du bassin de La Villette pour entrer dans le canal Saint-Martin, ils avaient remue la vase du fond.
   En mars, d’habitude, on ne manque pas d’eau. Cette annee-ci, il n’avait pas plu de deux mois et on menageait 1 eau du canal.
   Les portes de Г ecluse s’ouvrirent. Jules s’instal-la a la roue du gouvernail. Son frere descendit a ter-re pour retirer les amarres. L’helice comment a tourner et, comme tous les deux le craignaient, ce fut une boue epaisse quelle remua et qu on vit monter a la surface en faisant de grosses bulles.
   Appuye de tout son poids sur la perche, Robert s’effonjat d’ecarter l’avant du bateau de la rive. L’helice avait Fair de tourner a vide. L’eclusier, habitue, atten
CHAPITRE 1

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MAIGRET LE CORPS SANS ТЁТЕ

dait patiemment en battant des mains pour se rechauffer.
   Il у eut un choc, puis un bruit inquietant d’en-grenage et Robert Naud se tourna vers son frere qui cala le moteur.
   Ils ne savaient ni Fun ni l’autre ce qui arrivait. L’helice n’avait pas touche le fond, car elle etait protegee par une partie du gouvernaiL Quelque chose avait du s у engager, peut-etre une vieille amarre comme il en traine au fond des canaux¹ et, si c’etait cela, ils auraient du mal a sen defaire.
   Robert, muni de sa perche, se dirigea vers I’arrie-re, se pencha, essaya, dans 1 eau sans transparence, d’atteindre l’helice, tandis que Jules allait chercher une gaffe plus petite et que Laurence, sa femme, pas-sait la tete par I’ecoutille.
   — Qu’est-ce que c’est ?
   — Sais pas.
   Ils se mirent, en silence, a manoeuvrer les deux perches autour de l’helice calee et, apres quelques minutes, I’eclusier Dambois, que tout le monde ap-pelait Charles, vint se camper sur le quai pour les regarder faire. Il ne posa pas de questions, se

   ¹ comme il en traine au fond des canaux — каких полно на дне каналов

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contenta, en silence, de tirer sur sa pipe au tuyau repare avec du fit
   On voyait quelques passants, tous presses, des-cendre vers la Republique¹ et des infirmieres en uniforme se dirigeant vers 1’hdpital Saint-Louis.
   — Tu l’as ?
   — Je crois.
   — Un cable ?
   — Je n’en sais rien.
   Jules Naud avait accroche quelque chose avec sa gaffe et, au bout dun certain temps, lobjet ceda, de nouvelles bulles d’air monterent a la surface.
   Lentement, il retirait la perche et, quand le crochet arriva pres de la surface, on vit apparaitre un etrange paquet ficele dont le papier journal avait creve.
   C’etait un bras humain, entier, de I’epaule a la main, qui, dans 1’eau, avait pris une couleur bleme et une consistance de poisson mort.

x- x- x   Depoil, le brigadier du 3е quartier, tout au bout du quai de Jemmapes, achevait son service de nuit quand la longue silhouette de 1 aine des Naud pa-rut dans 1 encadrement de la porte.

CHAPITRE 1

   ¹ la Republique — имеется в виду площадь Республики в Париже (la place de la Republique)

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   — Je suis au-dessus de I’ecluse des Recollets avec le bateau Les Deux Freres. L’helice a cale quand on a mis en route et nous avons degage un bras d’homme.
   Depoil, qui appartenait depuis quinze ans au Xе arrondissement, eut la reaction que tous les po-liciers mis au courant de l’affaire allaient avoir.
   — D’homme ? repeta-t-il, incredule.
   — D’homme, oui. La main est couverte de poils bruns et...
   Periodiquement, on retirait un cadavre du canal Saint-Martin, presque toujours a cause d’un mou-vement dune helice de bateau. Le plus souvent, le cadavre etait entier, et alors il arrivait que ce fut un homme, un vieux clochard, par exemple, qui, ayant bu un coup de trop, avait glisse dans le canal, ou un mauvais gar^on qui s’etait fait refroidir d’un coup de couteau par une bande rivale.
   Les corps coupes en morceaux n’etaient pas ra-res, deux ou trois par an en moyenne, mais invaria-blement, aussi loin que la memoire du brigadier Depoil pouvait remonter, il s’agissait de femmes. On savait tout de suite ou chercher. Neuf fois sur dix, si-non davantage, c’etait une prostituee de bas etage¹,

   ¹ une prostitu6e de bas £tage — дешевая проститутка

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