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Одна страница любви / Une Page dAmour

Книга для чтения на французском языке
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Роман «Одна страница любви» выдающегося французского писателя Эмиля Золя (1840 1902) - одно из серии произведений, посвященных жизнеописанию династии Ругон-Маккаров. В нем освещается одна из граней такого сложного и противоречивого чувства, как любовь. В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала.
Золя, Э. Одна страница любви / Une Page dAmour : книга для чтения на французском языке : художественная литература / Э. Золя. - Санкт-Петербург : КАРО, 2024. - 384 с. - (Littérature classique). - ISBN 978-5-9925-0729-4. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.ru/catalog/product/2189059 (дата обращения: 05.01.2025). – Режим доступа: по подписке.
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УДК 	
372.8 
ББК 	81.2 Фр-93
	
З81
Золя, Эмиль.
З81	 	
Одна страница любви : Книга для чтения на французском языке / Э. Золя. — Санкт-Петербург : Антология, 
КАРО, 2024. — 384 с. — (Littérature classique).
ISBN 978-5-9925-0729-4.
Роман «Одна страница любви» выдающегося французского писателя Эмиля Золя — посвящен жизнеописанию династии Ругон-Маккаров. В нем освещается одна из граней такого 
сложного и противоречивого чувства, как любовь. 
В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала.
УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93
© Антология, 2024
© КАРО, 2024
Все права защищены
ISBN 978-5-9925-0729-4


NOTE
Je me décide à joindre à ce volume l’arbre généalogique des
Rougon-Macquart. Deux raisons me déterminent.
La première est que beaucoup de personnes m’ont demandé
cet arbre. Il doit, en effet, aider les lecteurs à se retrouver, parmi
les membres assez nombreux de la famille dont je me suis fait
l’historien.
La seconde raison est plus compliquée. Je regrette de n’avoir
pas publié l’arbre dans le premier volume de la série, pour montrer
tout de suite l’ensemble de mon plan. Si je tardais encore, on finirait
par m’accuser de l’avoir fabriqué après coup. Il est grand temps
d’établir qu’il a été dressé tel qu’il est en 1868, avant que j’eusse
écrit une seule ligne; et cela ressort clairement de la lecture du
premier épisode, «la Fortune des Rougon», où je ne pouvais poser
les origines de la famille, sans arrêter avant tout la filiation et les
âges. La difficulté était d’autant plus grande, que je mettais face à
face quatre générations, et que mes personnages s’agitaient dans
une période de dix-huit années seulement.
La publication de ce document sera ma réponse à ceux qui
m’ont accusé de courir après l’actualité et le scandale. Depuis 1868,
je remplis le cadre que je me suis imposé, l’arbre généalogique en
marque pour moi les grandes lignes, sans me permettre d’aller ni à
droite ni à gauche. Je dois le suivre strictement, il est en même



temps ma force et mon régulateur. Les conclusions sont toutes prêtes.
Voilà ce que j’ai voulu et voilà ce que j’accomplis.
Il me reste à déclarer que les circonstances seules m’ont fait
 	
publier l’arbre avec «Une page d’amour», cette œuvre intime et de
demi-teinte. Il devait seulement être joint au dernier volume. Huit
ont paru, douze sont encore sur le chantier; c’est pourquoi la patience
m’a manqué. Plus tard, je le reporterai en tête de ce dernier volume,
où il fera corps avec l’action. Dans ma pensée, il est le résultat des
observations de Pascal Rougon, un médecin, membre de la famille,
qui conduira le roman final, conclusion scientifique de tout l’ouvrage.
Le docteur Pascal l’éclairera alors de ses analyses de savant, le
complétera par des renseignements précis que j’ai dû enlever, pour
ne pas déflorer les épisodes futurs. Le rôle naturel et social de
chaque membre sera définitivement réglé, et les commentaires
enlèveront aux mots techniques ce qu’ils ont de barbare. D’ailleurs,
les lecteurs peuvent déjà faire une bonne partie de ce travail. Sans
indiquer ici tous les livres de physiologie que j’ai consultés, je citerai
seulement l’ouvrage du docteur Lucas: «l’Hérédité naturelle», où
les curieux pourront aller chercher des explications sur le système
physiologique qui m’a servi à établir l’arbre généalogique des
Rougon-Macquart.
Aujourd’hui, j’ai simplement le désir de prouver que les romans
publiés par moi depuis bientôt neuf ans, dépendent d’un vaste
ensemble, dont le plan a été arrêté d’un coup et à l’avance, et que
l’on doit par conséquent, tout en jugeant chaque roman à part, tenir
compte de la place harmonique qu’il occupe dans cet ensemble. On
se prononcera dès lors sur mon œuvre plus justement et plus
largement.
ÉMILE ZOLA
Paris, 2 avril 1878


PREMIÈRE PARTIE

	
	


La veilleuse, dans un cornet bleuâtre, brûlait sur la
cheminée, derrière un livre, dont l’ombre noyait toute une
moitié de la chambre. C’était une calme lueur qui coupait le
guéridon et la chaise longue, baignait les gros plis des rideaux
de velours, azurait la glace de l’armoire de palissandre, placée
entre les deux fenêtres. L’harmonie bourgeoise de la pièce, ce
bleu des tentures, des meubles et du tapis, prenait à cette
heure nocturne une douceur vague de nuée. Et, en face des
fenêtres, du côté de l’ombre, le lit, également tendu de velours,
faisait une masse noire, éclairée seulement de la pâleur des
draps. Hélène, les mains croisées, dans sa tranquille attitude
de mère et de veuve, avait un léger souffle.
Au milieu du silence, la pendule sonna une heure. Les
bruits du quartier étaient morts. Sur ces hauteurs du
Trocadéro, Paris envoyait seul son lointain ronflement. Le
petit souffle d’Hélène était si doux, qu’il ne soulevait pas la
ligne chaste de sa gorge. Elle sommeillait d’un beau sommeil,
paisible et fort, avec son profil correct et ses cheveux
châtains puissamment noués, la tête penchée, comme si
elle se fût assoupie en écoutant. Au fond de la pièce, la
porte d’un cabinet grande ouverte trouait le mur d’un carré
de ténèbres.



 	
Mais pas un bruit ne montait. La demie sonna. Le balancier
avait un battement affaibli, dans cette force du sommeil qui
anéantissait la chambre entière. La veilleuse dormait, les
meubles dormaient; sur le guéridon, près d’une lampe éteinte,
un ouvrage de femme dormait. Hélène, endormie, gardait son
air grave et bon.
Quand deux heures sonnèrent, cette paix fut troublée, un
soupir sortit des ténèbres du cabinet. Puis, il y eut un
froissement de linge, et le silence recommença. Maintenant,
une haleine oppressée s’entendait. Hélène n’avait pas bougé.
Mais, brusquement, elle se souleva. Un balbutiement confus
d’enfant qui souffre venait de la réveiller. Elle portait les mains
à ses tempes, encore ensommeillée, lorsqu’un cri sourd la fit
sauter sur le tapis.
– Jeanne!... Jeanne!... qu’as-tu? réponds-moi! demandat-elle.
Et, comme l’enfant se taisait, elle murmura, tout en courant
prendre la veilleuse:
– Mon Dieu! elle n’était pas bien, je n’aurais pas dû me
coucher.
Elle entra vivement dans la pièce voisine où un lourd silence
s’était fait. Mais la veilleuse, noyée d’huile, avait une tremblante
clarté qui envoyait seulement au plafond une tache ronde.
Hélène, penchée sur le lit de fer, ne put rien distinguer d’abord.
Puis, dans la lueur bleuâtre, au milieu des draps rejetés, elle
aperçut Jeanne raidie, la tête renversée, les muscles du cou
rigides et durs. Une contraction défigurait le pauvre et adorable
visage; les yeux étaient ouverts, fixés sur la flèche des rideaux.
– Mon Dieu! mon Dieu! cria-t-elle, mon Dieu! elle se meurt!
Et, posant la veilleuse, elle tâta sa fille de ses mains
tremblantes. Elle ne put trouver le pouls. Le cœur semblait

P



	
	

s’arrêter. Les petits bras, les petites jambes se tendaient
violemment. Alors, elle devint folle, s’épouvantant,
bégayant:
– Mon enfant se meurt! Au secours!... Mon enfant! mon
enfant!
Elle revint dans la chambre, tournant et se cognant,
sans savoir où elle allait; puis, elle rentra dans le cabinet et
se jeta de nouveau devant le lit, appelant toujours au
secours. Elle avait pris Jeanne entre ses bras, elle lui baisait
les cheveux, promenait les mains sur son corps, en la
suppliant de répondre. Un mot, un seul mot. Où avait-elle
mal? Désirait-elle un peu de la potion de l’autre jour? Peutêtre l’air l’aurait-il ranimée? Et elle s’entêtait à vouloir
l’entendre parler.
– Dis-moi, Jeanne, oh! dis-moi, je t’en prie!
Mon Dieu! et ne savoir que faire! Comme ça, brusquement,
dans la nuit. Pas même de lumière. Ses idées se brouillaient.
Elle continuait de causer à sa fille, l’interrogeant et répondant
pour elle. C’était dans l’estomac que ça la tenait; non, dans la
gorge. Ce ne serait rien. Il fallait du calme. Et elle faisait un
effort pour avoir elle-même toute sa tête. Mais la sensation de
sa fille raide entre ses bras lui soulevait les entrailles. Elle la
regardait, convulsée et sans souffle; elle tâchait de raisonner,
de résister au besoin de crier. Tout à coup, malgré elle, elle
cria.
Elle traversa la salle à manger et la cuisine, appelant:
– Rosalie! Rosalie!... Vite, un médecin!... Mon enfant se
meurt!
La bonne, qui couchait dans une petite pièce derrière la
cuisine, poussa des exclamations. Hélène était revenue en
courant. Elle piétinait en chemise, sans paraître sentir le froid



 	
de cette glaciale nuit de février. Cette bonne laisserait donc
mourir son enfant! Une minute s’était à peine écoulée. Elle
retourna dans la cuisine, rentra dans la chambre. Et, rudement,
à tâtons, elle passa une jupe, jeta un châle sur ses épaules.
Elle renversait les meubles, emplissait de la violence de son
désespoir cette chambre où dormait une paix si recueillie. Puis,
chaussée de pantoufles, laissant les portes ouvertes, elle
descendit elle-même les trois étages, avec cette idée qu’elle
seule ramènerait un médecin.
Quand la concierge eut tiré le cordon, Hélène se trouva
dehors, les oreilles bourdonnantes, la tête perdue. Elle
descendit rapidement la rue Vineuse, sonna chez le docteur
Bodin, qui avait déjà soigné Jeanne; une domestique, au
bout d’une éternité, vint lui répondre que le docteur était
auprès d’une femme en couches. Hélène resta stupide sur le
trottoir. Elle ne connaissait pas d’autre docteur dans Passy.
Pendant un instant, elle battit les rues, regardant les maisons.
Un petit vent glacé soufflait; elle marchait avec ses
pantoufles dans une neige légère, tombée le soir. Et elle
avait toujours devant elle sa fille, avec cette pensée
d’angoisse qu’elle la tuait en ne trouvant pas tout de suite
un médecin. Alors, comme elle remontait la rue Vineuse, elle
se pendit à une sonnette. Elle allait toujours demander; on
lui donnerait peut-être une adresse. Elle sonna de nouveau,
parce qu’on ne se hâtait pas. Le vent plaquait son mince
jupon sur ses jambes, et les mèches de ses cheveux
s’envolaient.
Enfin, un domestique vint ouvrir et lui dit que le docteur
Deberle était couché. Elle avait sonné chez un docteur, le ciel
ne l’abandonnait donc pas! Alors, elle poussa le domestique
pour entrer. Elle répétait:





	
	

– Mon enfant, mon enfant se meurt!... Dites-lui qu’il
vienne.
C’était un petit hôtel1 plein de tentures. Elle monta ainsi
un étage, luttant contre le domestique, répondant à toutes les
observations que son enfant se mourait. Arrivée dans une
pièce, elle voulut bien attendre. Mais, dès qu’elle entendit à
côté le médecin se lever, elle s’approcha, elle parla à travers la
porte.
– Tout de suite, monsieur, je vous en supplie.... Mon
enfant se meurt!
Et, lorsque le médecin parut en veston, sans cravate, elle
l’entraîna, elle ne le laissa pas se vêtir davantage. Lui, l’avait
reconnue. Elle habitait la maison voisine et était sa locataire.
Aussi, quand il lui fit traverser un jardin pour raccourcir en
passant par une porte de communication qui existait entre les
deux demeures, eut-elle un brusque réveil de mémoire.
– C’est vrai, murmura-t-elle, vous êtes médecin, et je le
savais.... Voyez-vous, je suis devenue folle.... Dépêchonsnous.
Dans l’escalier, elle voulut qu’il passât le premier. Elle n’eût
pas amené Dieu chez elle d’une façon plus dévote.2 En haut,
Rosalie était restée près de Jeanne, et elle avait allumé la lampe
posée sur le guéridon. Dès que le médecin entra, il prit cette
lampe, il éclaira vivement l’enfant, qui gardait une rigidité
douloureuse; seulement, la tête avait glissé, de rapides
crispations couraient sur la face. Pendant une minute, il ne dit
1 hôtel, m –!$,
2 Elle n’eût pas amené Dieu chez elle d’une façon plus dévote. 2
1
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 (%+  $.(-*
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rien, les lèvres pincées. Hélène, anxieusement, le regardait.
Quand il aperçut ce regard de mère qui l’implorait, il murmura:
– Ce ne sera rien.... Mais il ne faut pas la laisser ici. Elle a
besoin d’air.
Hélène, d’un geste fort, l’emporta sur son épaule. Elle
aurait baisé les mains du médecin pour sa bonne parole, et
une douceur coulait en elle. Mais à peine eut-elle posé Jeanne
dans son grand lit, que ce pauvre petit corps de fillette fut
agité de violentes convulsions. Le médecin avait enlevé l’abatjour de la lampe, une clarté blanche emplissait la pièce. Il alla
entrouvrir une fenêtre, ordonna à Rosalie de tirer le lit hors
des rideaux. Hélène, reprise par l’angoisse, balbutiait:
– Mais elle se meurt, monsieur!... Voyez donc, voyez
donc!... Je ne la reconnais plus!
Il ne répondait pas, suivait l’accès d’un regard attentif.
Puis, il dit:
– Passez dans l’alcôve, tenez-lui les mains pour qu’elle ne
s’égratigne pas.... Là, doucement, sans violence.... Ne vous
inquiétez pas, il faut que la crise suive son cours.
Et tous deux, penchés au-dessus du lit, ils maintenaient
Jeanne, dont les membres se détendaient avec des secousses
brusques. Le médecin avait boutonné son veston pour cacher
son cou nu. Hélène était restée enveloppée dans le châle
qu’elle avait jeté sur ses épaules. Mais Jeanne, en se débattant,
tira un coin du châle, déboutonna le haut du veston. Ils ne
s’en aperçurent point. Ni l’un ni l’autre ne se voyait.
Cependant, l’accès se calma. La petite parut tomber dans
un grand affaissement. Bien qu’il rassurât la mère sur l’issue
de la crise, le docteur restait préoccupé. Il regardait toujours
la malade, il finit par poser des questions brèves à Hélène,
demeurée debout dans la ruelle.




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