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Три мушкетера

Книга для чтения на французском языке
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Представляем вам знаменитый роман Александра Дюма «Три мушкетера» на языке оригинала. Герои, знакомые многим из нас с детства, на страницах этой книги оживают и говорят на родном языке. Вас ждут верная любовь, крепкая дружба, захватывающие приключения, политические интриги и смертельные опасности на фоне реальных исторических событий Франции ХVII века. Книга будет интересна всем, кто изучает французский язык и интересуется французской историей и культурой. Неадаптированный текст романа печатается без сокращений.
Дюма, А. Три мушкетера : книга для чтения на французском языке : художественная литература / А. Дюма. - Санкт-Петербург : КАРО, 2022. - 736 с. - (Littérature classique). - ISBN 978-5-9925-1601-2. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.ru/catalog/product/2136060 (дата обращения: 24.11.2024). – Режим доступа: по подписке.
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Alexandre DUMAS

LES TROIS  

MOUSQUETAIRES

LITTERATURE CLASSIQUE

УДК  372.8 : 821.133.1.0
ББК  81.2 Фр-93
 
Д96

ISBN 978-5-9925-1601-2

Дюма, Александр.

Д96          Три мушкетера : книга для чтения на французском язы
ке / А. Дюма. — Санкт-Петербург : КАРО, 2022. — 736 с. — 
(Littérature classique).

ISBN 978-5-9925-1601-2.

Представляем вам знаменитый роман Александра Дюма 

«Три мушкетера» на языке оригинала. Герои, знакомые многим 
из нас с детства,  на страницах этой книги оживают и говорят 
на родном языке. Вас ждут верная любовь, крепкая дружба, 
захватывающие приключения, политические интриги и смертельные опасности на фоне реальных исторических событий 
Франции ХVII века.

Книга будет интересна всем, кто изучает французский язык 

и интересуется французской историей и культурой.

Неадаптированный текст романа печатается без сокраще
ний.

УДК 372.8 : 821.133.1.0

ББК 81.2 Фр-93

© КАРО, 2022
Все права защищены

В оформлении обложки использована картина  

Помпео Массани «Любимая гончая»

Préface

Dans laquelle il est établi que, malgré leurs nom en OS et en 
IS, les héros de l’histoire que nous allons avoir l’honneur de 

raconter a nos lecteurs n’ont rien de mythologique.

Il y a un an à peu près, qu’en faisant à la Bibliothèque royale des 

recherches pour mon histoire de Louis XIV, je tombai par hasard sur 
les Mémoires de M. d’Artagnan, imprimés — comme la plus grande 
partie des ouvrages de cette époque, où les auteurs tenaient à dire 
la vérité sans aller faire un tour plus ou moins long à la Bastille — 
à Amsterdam, chez Pierre Rouge. Le titre me séduisit : je les emportai 
chez moi, avec la permission de M. le conservateur ; bien entendu, 
je les dévorai.

Mon intention n’est pas de faire ici une analyse de ce curieux 

ouvrage, et je me contenterai d’y renvoyer ceux de mes lecteurs qui 
apprécient les tableaux d’époques. Ils y trouveront des portraits 
crayonnés de main de maître ; et, quoique les esquisses soient, pour 
la plupart du temps, tracées sur des portes de caserne et sur des 
murs de cabaret, ils n’y reconnaîtront pas moins, aussi ressemblantes 
que dans l’histoire de M. Anquetil, les images de Louis XIII, d’Anne 
d’Autriche, de Richelieu, de Mazarin et de la plupart des courtisans 
de l’époque.

Mais, comme on le sait, ce qui frappe l’esprit capricieux du poète 

n’est pas toujours ce qui impressionne la masse des lecteurs. Or, tout 
en admirant, comme les autres admireront sans doute, les détails 
que nous avons signalés, la chose qui nous préoccupa le plus est une 
chose à laquelle bien certainement personne avant nous n’avait fait 
la moindre attention.

D’Artagnan raconte qu’à sa première visite à M. de Tréville, 

le capitaine des mousquetaires du roi, il rencontra dans son 

antichambre trois jeunes gens servant dans l’illustre corps où il 
sollicitait l’honneur d’être reçu, et ayant nom Athos, Porthos et 
Aramis.

Nous l’avouons, ces trois noms étrangers nous frappèrent, et il 

nous vint aussitôt à l’esprit qu’ils n’étaient que des pseudonymes 
à l’aide desquels d’Artagnan avait déguisé des noms peut-être 
illustres, si toutefois les porteurs de ces noms d’emprunt ne 
les avaient pas choisis eux-mêmes le jour où, par caprice, par 
mécontentement ou par défaut de fortune, ils avaient endossé la 
simple casaque de mousquetaire.

Dès lors nous n’eûmes plus de repos que nous n’eussions 

retrouvé, dans les ouvrages contemporains, une trace quelconque 
de ces noms extraordinaires qui avaient fort éveillé notre curiosité.

Le seul catalogue des livres que nous lûmes pour arriver à ce 

but remplirait un feuilleton tout entier, ce qui serait peut-être fort 
instructif, mais à coups sûr peu amusant pour nos lecteurs. Nous 
nous contenterons donc de leur dire qu’au moment où, découragé de 
tant d’investigations infructueuses, nous allions abandonner notre 
recherche, nous trouvâmes enfin, guidé par les conseils de notre illustre 
et savant ami Paulin Paris, un manuscrit in-folio, coté le n° 4772 ou 
4773, nous ne nous le rappelons plus bien, ayant pour titre :

« Mémoires de M. le comte de La Fère, concernant quelques-uns 

des événements qui se passèrent en France vers la fin du règne du roi 
Louis XIII et le commencement du règne du roi Louis XIV. »

On devine si notre joie fut grande, lorsqu’en feuilletant ce 

manuscrit, notre dernier espoir, nous trouvâmes à la vingtième page 
le nom d’Athos, à la vingt-septième le nom de Porthos, et à la trente 
et unième le nom d’Aramis.

La découverte d’un manuscrit complètement inconnu, dans une 

époque où la science historique est poussée à un si haut degré, nous 
parut presque miraculeuse. Aussi nous hâtâmes-nous de solliciter 
la permission de le faire imprimer, dans le but de nous présenter un 
jour avec le bagage des autres à l’Académie des inscriptions et belleslettres, si nous n’arrivions, chose fort probable, à entrer à l’Académie 

française avec notre propre bagage. Cette permission, nous devons 
le dire, nous fut gracieusement accordée ; ce que nous consignons 
ici pour donner un démenti public aux malveillants qui prétendent 
que nous vivons sous un gouvernement assez médiocrement disposé 
à l’endroit des gens de lettres.

Or, c’est la première partie de ce précieux manuscrit que nous 

offrons aujourd’hui à nos lecteurs, en lui restituant le titre qui lui 
convient, prenant l’engagement, si, comme nous n’en doutons pas, 
cette première partie obtient le succès qu’elle mérite, de publier 
incessamment la seconde.

En attendant, comme le parrain est un second père, nous invitons 

le lecteur à s’en prendre à nous, et non au comte de La Fère, de son 
plaisir ou de son ennui.

Cela posé, passons à notre histoire.

Alexandre Dumas

I

Les trois présents de M. d’Artagnan père

Le premier lundi du mois d’avril 1625, le bourg de Meung, 

où naquit l’auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une 
révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus 
faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s’enfuir les 
femmes du côté de la Grande-Rue, entendant les enfants crier sur 
le seuil des portes, se hâtaient d’endosser la cuirasse et, appuyant 
leur contenance quelque peu incertaine d’un mousquet ou d’une 
pertuisane, se dirigeaient vers l’hôtellerie du Franc Meunier, devant 
laquelle s’empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe 
compact, bruyant et plein de curiosité.

En ce temps-là les paniques étaient fréquentes, et peu de 

jours se passaient sans qu’une ville ou l’autre enregistrât sur ses 
archives quelque événement de ce genre. Il y avait les seigneurs 
qui guerroyaient entre eux ; il y avait le roi qui faisait la guerre 
au cardinal ; il y avait l’Espagnol qui faisait la guerre au roi. Puis, 
outre ces guerres sourdes ou publiques, secrètes ou patentes, il 
y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups 
et les laquais, qui faisaient la guerre à tout le monde. Les bourgeois 
s’armaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre 
les laquais, — souvent contre les seigneurs et les huguenots, — 
quelquefois contre le roi, — mais jamais contre le cardinal et 
l’Espagnol. Il résulta donc de cette habitude prise, que, ce susdit 
premier lundi du mois d’avril 1625, les bourgeois, entendant du 
bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrée du duc 
de Richelieu, se précipitèrent du côté de l’hôtel du Franc Meunier.

Arrivé là, chacun put voir et reconnaître la cause de cette 

rumeur.

Un jeune homme… — traçons son portrait d’un seul trait de 

plume : figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans, don Quichotte 
décorcelé, sans haubert et sans cuissards, don Quichotte revêtu d’un 
pourpoint de laine dont la couleur bleue s’était transformée en une 
nuance insaisissable de lie-de-vin et d’azur céleste. Visage long et 
brun ; la pommette des joues saillante, signe d’astuce ; les muscles 
maxillaires énormément développés, indice infaillible auquel on 
reconnaît le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portait 
un béret orné d’une espèce de plume ; l’oeil ouvert et intelligent ; le 
nez crochu, mais finement dessiné ; trop grand pour un adolescent, 
trop petit pour un homme fait, et qu’un oeil peu exercé eût pris pour 
un fils de fermier en voyage, sans sa longue épée qui, pendue à un 
baudrier de peau, battait les mollets de son propriétaire quand il 
était à pied, et le poil hérissé de sa monture quand il était à cheval.

Car notre jeune homme avait une monture, et cette monture 

était même si remarquable, qu’elle fut remarquée : c’était un bidet 
du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe, sans crins à la 

queue, mais non pas sans javarts aux jambes, et qui, tout en marchant 
la tête plus bas que les genoux, ce qui rendait inutile l’application 
de la martingale, faisait encore également ses huit lieues par jour. 
Malheureusement les qualités de ce cheval étaient si bien cachées 
sous son poil étrange et son allure incongrue, que dans un temps 
où tout le monde se connaissait en chevaux, l’apparition du susdit 
bidet à Meung, où il était entré il y avait un quart d’heure à peu près 
par la porte de Beaugency, produisit une sensation dont la défaveur 
rejaillit jusqu’à son cavalier.

Et cette sensation avait été d’autant plus pénible au jeune 

d’Artagnan (ainsi s’appelait le don Quichotte de cette autre 
Rossinante), qu’il ne se cachait pas le côté ridicule que lui donnait, 
si bon cavalier qu’il fût, une pareille monture ; aussi avait-il fort 
soupiré en acceptant le don que lui en avait fait M. d’Artagnan père. Il 
n’ignorait pas qu’une pareille bête valait au moins vingt livres : il est 
vrai que les paroles dont le présent avait été accompagné n’avaient 
pas de prix.

« Mon fils, avait dit le gentilhomme gascon — dans ce pur patois 

de Béarn dont Henri IV n’avait jamais pu parvenir à se défaire —, 
mon fils, ce cheval est né dans la maison de votre père, il y a tantôt 
treize ans, et y est resté depuis ce temps-là, ce qui doit vous porter 
à l’aimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et 
honorablement de vieillesse, et si vous faites campagne avec lui, 
ménagez-le comme vous ménageriez un vieux serviteur. À la cour, 
continua M. d’Artagnan père, si toutefois vous avez l’honneur d’y 
aller, honneur auquel, du reste, votre vieille noblesse vous donne 
des droits, soutenez dignement votre nom de gentilhomme, qui a 
été porté dignement par vos ancêtres depuis plus de cinq cents ans. 
Pour vous et pour les vôtres — par les vôtres, j’entends vos parents 
et vos amis —, ne supportez jamais rien que de M. le cardinal et 
du roi. C’est par son courage, entendez-vous bien, par son courage 
seul, qu’un gentilhomme fait son chemin aujourd’hui. Quiconque 
tremble une seconde laisse peut-être échapper l’appât que, pendant 
cette seconde justement, la fortune lui tendait. Vous êtes jeune, vous 

devez être brave par deux raisons : la première, c’est que vous êtes 
Gascon, et la seconde, c’est que vous êtes mon fils. Ne craignez pas 
les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre à 
manier l’épée ; vous avez un jarret de fer, un poignet d’acier ; battezvous à tout propos ; battez-vous d’autant plus que les duels sont 
défendus, et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se 
battre. Je n’ai, mon fils, à vous donner que quinze écus, mon cheval 
et les conseils que vous venez d’entendre. Votre mère y ajoutera la 
recette d’un certain baume qu’elle tient d’une bohémienne, et qui 
a une vertu miraculeuse pour guérir toute blessure qui n’atteint 
pas le coeur. Faites votre profit du tout, et vivez heureusement et 
longtemps. — Je n’ai plus qu’un mot à ajouter, et c’est un exemple 
que je vous propose, non pas le mien, car je n’ai, moi, jamais paru à 
la cour et n’ai fait que les guerres de religion en volontaire ; je veux 
parler de M. de Tréville, qui était mon voisin autrefois, et qui a eu 
l’honneur de jouer tout enfant avec notre roi Louis treizième, que 
Dieu conserve ! Quelquefois leurs jeux dégénéraient en bataille et 
dans ces batailles le roi n’était pas toujours le plus fort. Les coups 
qu’il en reçut lui donnèrent beaucoup d’estime et d’amitié pour M. de 
Tréville. Plus tard, M. de Tréville se battit contre d’autres dans son 
premier voyage à Paris, cinq fois ; depuis la mort du feu roi jusqu’à la 
majorité du jeune sans compter les guerres et les sièges, sept fois ; et 
depuis cette majorité jusqu’aujourd’hui, cent fois peut-être ! — Aussi, 
malgré les édits, les ordonnances et les arrêts, le voilà capitaine des 
mousquetaires, c’est-à-dire chef d’une légion de Césars, dont le 
roi fait un très grand cas, et que M. le cardinal redoute, lui qui ne 
redoute pas grand-chose, comme chacun sait. De plus, M. de Tréville 
gagne dix mille écus par an ; c’est donc un fort grand seigneur. — Il a 
commencé comme vous, allez le voir avec cette lettre, et réglez-vous 
sur lui, afin de faire comme lui. »

Sur quoi, M. d’Artagnan père ceignit à son fils sa propre épée, 

l’embrassa tendrement sur les deux joues et lui donna sa bénédiction.

En sortant de la chambre paternelle, le jeune homme trouva sa 

mère qui l’attendait avec la fameuse recette dont les conseils que 

nous venons de rapporter devaient nécessiter un assez fréquent 
emploi. Les adieux furent de ce côté plus longs et plus tendres qu’ils 
ne l’avaient été de l’autre, non pas que M. d’Artagnan n’aimât son fils, 
qui était sa seule progéniture, mais M. d’Artagnan était un homme, 
et il eût regardé comme indigne d’un homme de se laisser aller à 
son émotion, tandis que Mme d’Artagnan était femme et, de plus, 
était mère. — Elle pleura abondamment, et, disons-le à la louange 
de M. d’Artagnan fils, quelques efforts qu’il tentât pour rester ferme 
comme le devait être un futur mousquetaire, la nature l’emporta et 
il versa force larmes, dont il parvint à grand-peine à cacher la moitié.

Le même jour le jeune homme se mit en route, muni des trois 

présents paternels et qui se composaient, comme nous l’avons dit, de 
quinze écus, du cheval et de la lettre pour M. de Tréville ; comme on 
le pense bien, les conseils avaient été donnés par-dessus le marché.

Avec un pareil vade-mecum, d’Artagnan se trouva, au moral 

comme au physique, une copie exacte du héros de Cervantes, 
auquel nous l’avons si heureusement comparé lorsque nos devoirs 
d’historien nous ont fait une nécessité de tracer son portrait. Don 
Quichotte prenait les moulins à vent pour des géants et les moutons 
pour des armées, d’Artagnan prit chaque sourire pour une insulte et 
chaque regard pour une provocation. Il en résulta qu’il eut toujours le 
poing fermé depuis Tarbes jusqu’à Meung, et que l’un dans l’autre il 
porta la main au pommeau de son épée dix fois par jour ; toutefois le 
poing ne descendit sur aucune mâchoire, et l’épée ne sortit point de 
son fourreau. Ce n’est pas que la vue du malencontreux bidet jaune 
n’épanouît bien des sourires sur les visages des passants ; mais, 
comme au-dessus du bidet sonnait une épée de taille respectable et 
qu’au-dessus de cette épée brillait un oeil plutôt féroce que fier, les 
passants réprimaient leur hilarité, ou, si l’hilarité l’emportait sur la 
prudence, ils tâchaient au moins de ne rire que d’un seul côté, comme 
les masques antiques. D’Artagnan demeura donc majestueux et intact 
dans sa susceptibilité jusqu’à cette malheureuse ville de Meung.

Mais là, comme il descendait de cheval à la porte du Franc 

Meunier sans que personne, hôte, garçon ou palefrenier, fût 

venu prendre l’étrier au montoir, d’Artagnan avisa à une fenêtre 
entrouverte du rez-de-chaussée un gentilhomme de belle taille et de 
haute mine, quoique au visage légèrement renfrogné, lequel causait 
avec deux personnes qui paraissaient l’écouter avec déférence. 
D’Artagnan crut tout naturellement, selon son habitude, être l’objet 
de la conversation et écouta. Cette fois, d’Artagnan ne s’était trompé 
qu’à moitié : ce n’était pas de lui qu’il était question, mais de son 
cheval. Le gentilhomme paraissait énumérer à ses auditeurs toutes 
ses qualités, et comme, ainsi que je l’ai dit, les auditeurs paraissaient 
avoir une grande déférence pour le narrateur, ils éclataient de rire 
à tout moment. Or, comme un demi-sourire suffisait pour éveiller 
l’irascibilité du jeune homme, on comprend quel effet produisit sur 
lui tant de bruyante hilarité.

Cependant d’Artagnan voulut d’abord se rendre compte de la 

physionomie de l’impertinent qui se moquait de lui. Il fixa son regard 
fier sur l’étranger et reconnut un homme de quarante à quarantecinq ans, aux yeux noirs et perçants, au teint pâle, au nez fortement 
accentué, à la moustache noire et parfaitement taillée ; il était vêtu 
d’un pourpoint et d’un haut-de-chausses violet avec des aiguillettes 
de même couleur, sans aucun ornement que les crevés habituels par 
lesquels passait la chemise. Ce haut-de-chausses et ce pourpoint, 
quoique neufs, paraissaient froissés comme des habits de voyage 
longtemps renfermés dans un portemanteau. D’Artagnan fit toutes 
ces remarques avec la rapidité de l’observateur le plus minutieux, et 
sans doute par un sentiment instinctif qui lui disait que cet inconnu 
devait avoir une grande influence sur sa vie à venir.

Or, comme au moment où d’Artagnan fixait son regard sur le 

gentilhomme au pourpoint violet, le gentilhomme faisait à l’endroit 
du bidet béarnais une de ses plus savantes et de ses plus profondes 
démonstrations, ses deux auditeurs éclatèrent de rire, et lui-même 
laissa visiblement, contre son habitude, errer, si l’on peut parler ainsi, 
un pâle sourire sur son visage. Cette fois, il n’y avait plus de doute, 
d’Artagnan était réellement insulté. Aussi, plein de cette conviction, 
enfonça-t-il son béret sur ses yeux, et, tâchant de copier quelques-uns 

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