Франсуа-найденыш
Книга для чтения на французском языке
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Тематика:
Французский язык
Издательство:
КАРО
Автор:
Санд Жорж
Год издания: 2021
Кол-во страниц: 192
Дополнительно
Вид издания:
Художественная литература
Уровень образования:
Дополнительное образование
ISBN: 978-5-9925-1530-5
Артикул: 060977.02.99
Повесть Жорж Санд «Франсуа-найденыш» — это история о нравах французской деревни середины XIX века. И. С. Тургенев поделился своими впечатлениями от этой «деревенской» повести: «Франсуа… написан в ее лучшей манере: просто, правдиво, захватывающе…»
Многие критики того времени упрекали Жорж Санд в том, что она идеализирует крестьян, но писательница настаивала на том, цивилизация еще не испортила нравы сельских жителей, которые полны самоотверженности и честно трудятся, а горожане отдалились от простой и естественной жизни и не замечают неравенства, бедности обездоленных.
Детство Франсуа было бы совсем безрадостным, если бы не встреча с Мадленой Бланше, ставшей второй матерью для заброшенного ребенка. Мальчик взрослеет, и теперь уже он посвящает свою жизнь Мадлене и ее близким…
Предлагаем вниманию читателей неадаптированный текст повести, снабженный вопросами по содержанию каждой главы и словарем.
Тематика:
ББК:
УДК:
- 372: Содержание и форма деятельности в дошк. восп. и нач. образов-ии. Метод. препод. отд. учеб. предметов
- 811133: Галло-романские языки. Французский язык
- 821: Художественная литература
ОКСО:
- ВО - Бакалавриат
- 44.03.01: Педагогическое образование
- 45.03.01: Филология
- 45.03.02: Лингвистика
ГРНТИ:
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George SAND FRANÇOIS LE CHAMPI
УДК 372.881.1 : 811.133.1 ББК 81.2 Фр-93 С18 ISBN 978-5-9925-1530-5 Санд, Жорж. С18 Франсуа-найденыш : книга для чтения на фран цузском языке / Ж. Санд. — Санкт-Петербург : КАРО, 2021. — 192 с. — (Littérature classique). ISBN 978-5-9925-1530-5. Повесть Жорж Санд «Франсуа-найденыш» — это исто рия о нравах французской деревни середины XIX века. И. С. Тургенев поделился своими впечатлениями от этой «деревенской» повести: «Франсуа… написан в ее лучшей манере: просто, правдиво, захватывающе…» Многие критики того времени упрекали Жорж Санд в том, что она идеализирует крестьян, но писательница настаивала на том, цивилизация еще не испортила нравы сельских жителей, которые полны самоотверженности и честно трудятся, а горожане отдалились от простой и естественной жизни и не замечают неравенства, бедности обездоленных. Детство Франсуа было бы совсем безрадостным, если бы не встреча с Мадленой Бланше, ставшей второй матерью для заброшенного ребенка. Мальчик взрослеет, и теперь уже он посвящает свою жизнь Мадлене и ее близким… Предлагаем вниманию читателей неадаптированный текст повести, снабженный вопросами по содержанию каждой главы и словарем. УДК 372.881.1 : 811.133.1 ББК 81.2 Фр-93 © КАРО, 2021 Все права защищены
Chapitre I Un matin que Madeleine Blanchet, la jeune meunière du Cormouer, s’en allait au bout de son pré pour laver à la fontaine, elle trouva un petit enfant assis devant sa planchette, et jouant avec la paille qui sert de coussinet aux genoux des lavandières. Madeleine Blanchet, ayant avisé cet enfant, fut étonnée de ne pas le connaître, car il n’y a pas de route bien achalandée de passants de ce côté-là, et on n’y rencontre que des gens de l’endroit. “Qui es-tu, mon enfant? dit-elle au petit garçon, qui la regardait d’un air de confiance, mais qui ne parut pas comprendre sa question. Comment t’appelles-tu? reprit Madeleine Blanchet en le faisant asseoir à côté d’elle et en s’ agenouillant pour laver. — François, répondit l’enfant. — François qui? — Qui? dit l’enfant d’un air simple. — A qui es-tu fils? — Je ne sais pas, allez! — Tu ne sais pas le nom de ton père! — Je n’en ai pas. — Il est donc mort?
— Je ne sais pas. — Et ta mère? — Elle est par là, dit l’enfant en montrant une maisonnette fort pauvre qui était à deux portées de fusil du moulin et dont on voyait le chaume à travers les saules. — Ah! je sais, reprit Madeleine, c’est la femme qui est venue demeurer ici, qui est emménagée d’hier soir? — Oui, répondit l’enfant. — Et vous demeuriez à Mers? — Je ne sais pas. — Tu es un garçon peu savant. Sais-tu le nom de ta mère, au moins? — Oui, c’est la Zabelle. — Isabelle qui? tu ne lui connais pas d’autre nom? — Ma foi non, allez! — Ce que tu sais ne te fatiguera pas la cervelle, dit Madeleine en souriant et en commençant à battre son linge. — Comment dites-vous?” reprit le petit François. Madeleine le regarda encore; c’était un bel enfant, il avait des yeux magnifiques. C’est dommage, pensa-t-elle, qu’il ait l’air si niais. “Quel âge as-tu? reprit-elle. Peut-être que tu ne le sais pas non plus”. La vérité est qu’il n’en savait pas plus long là-dessus que sur le reste. Il fit ce qu’il put pour répondre, honteux peutêtre de ce que la meunière lui reprochait d’être si borné, et il accoucha de cette belle repartie: “Deux ans! — Oui-da! reprit Madeleine en tordant son linge sans le regarder davantage, tu es un véritable oison, et on n’a
guère pris soin de t’instruire, mon pauvre petit. Tu as au moins six ans pour la taille, mais tu n’as pas deux ans pour le raisonnement. — Peut-être bien!” répliqua François. Puis, faisant un autre effort sur lui-même, comme pour secouer l’engourdissement de sa pauvre âme, il dit: “Vous demandiez comment je m’appelle? On m’appelle François le Champi. — Ah! ah! je comprends”, dit Madeleine en tournant vers lui un oeil de compassion; et Madeleine ne s’étonna plus de voir ce bel enfant si malpropre, si déguenillé et si abandonné à l’hébétement de son âge. “Tu n’es guère couvert, lui dit-elle, et le temps n’est pas chaud. Je gage que tu as froid? — Je ne sais pas”, répondit le pauvre champi, qui était si habitué à souffrir qu’il ne s’en apercevait plus. Madeleine soupira. Elle pensa à son petit Jeannie qui n’avait qu’un an et qui dormait bien chaudement dans son berceau, gardé par sa grand-mère, pendant que ce pauvre champi grelottait tout seul au bord de la fontaine, préservé de s’y noyer par la seule bonté de la Providence, car il était assez simple pour ne pas se douter qu’on meurt en tombant dans l’eau. Madeleine, qui avait le cœur trés charitable, prit le bras de l’enfant et le trouva chaud, quoi-qu’il eût par instants le frisson et que sa jolie figure fût très pâle. “Tu as la fièvre? lui dit-elle. — Je ne sais pas, allez!” répondit l’enfant, qui l’avait toujours. Madeleine Blanchet détacha le chéret de laine qui lui couvrait les épaules et en enveloppa le champi, qui se laissa
faire, et ne témoigna ni étonnement ni contentement. Elle ôta toute la paille qu’elle avait sous ses genoux et lui en fit un lit où il ne chôma pas de s’endormir, et Madeleine acheva de laver les nippes de son petit Jeannie, ce qu’elle fit lestement, car elle le nourrissait, et avait hâte d’aller le retrouver. Quand tout fut lavé, le linge mouillé était devenu plus lourd de moitié, et elle ne put emporter le tout. Elle laissa son battoir et une partie de sa provision au bord de l’eau, se promettant de réveiller le champi lorsqu’elle reviendrait de la maison, où elle porta de suite tout ce qu’elle put prendre avec elle. Madeleine Blanchet n’était ni grande ni forte. C’était une très jolie femme, d’un fier courage, et renommée pour sa douceur et son bon sens. Quand elle ouvrit la porte de sa maison, elle entendit sur le petit pont de l’écluse un bruit de sabots qui courait après elle, et, en se virant, elle vit le champi qui l’avait rattrapée et qui lui apportait son battoir, son savon, le reste de son linge et son chéret de laine. “Oh! oh! dit-elle en lui mettant la main sur l’épaule, tu n’es pas si bête que je croyais, toi, car tu es serviable, et celui qui a bon cœur n’est jamais sot. Entre, mon enfant, viens te reposer. Voyez ce pauvre petit! il porte plus lourd que lui-même! — Tenez, mère, dit-elle à la vieille meunière qui lui présentait son enfant bien frais et tout souriant, voilà un pauvre champi qui a l’air malade.Vous qui vous connaissez à la fièvre, il faudrait tâcher de le guérir. — Ah! c’est la fièvre de misère! répondit la vieille en regardant François; ça se guérirait avec de la bonne soupe; mais ça n’en a pas. C’est le champi à cette femme qui a emménagé
d’hier. C’est la locataire à ton homme, Madeleine. Ça paraît bien malheureux, et je crains que ça ne paie pas souvent.” Madeleine ne répondit rien. Elle savait que sa belle-mère et son mari avaient peu de pitié, et qu’ils aimaient l’argent plus que le prochain. Elle allaita son enfant, et quand la vieille fut sortie pour aller chercher ses oies, elle prit François par la main, Jeannie sur son autre bras, et s’en fut avec eux chez la Zabelle. La Zabelle, qui se nommait en effet Isabelle Bigot, était une vieille fille de cinquante ans, aussi bonne qu’on peut l’être pour les autres quand on n’a rien à soi et qu’il faut toujours trembler pour sa pauvre vie. Elle avait pris François, au sortir de nourrice, d’une femme qui était morte à ce moment-là, et elle l’avait élevé depuis, pour avoir tous les mois quelques pièces d’argent blanc et pour faire de lui son petit serviteur; mais elle avait perdu ses bêtes et elle devait en acheter d’autres à crédit, dès qu’elle pourrait, car elle ne vivait pas d’autre chose que d’un petit lot de brebiage et d’une douzaine de poules qui, de leur côté, vivaient sur le communal. L’emploi de François, jusqu’à ce qu’il eût gagné l’âge de la première communion, devait être de garder ce pauvre troupeau sur le bord des chemins, après quoi on le louerait comme on pourrait, pour être porcher ou petit valet de charrue, et, s’il avait de bons sentiments, il donnerait à sa mère par adoption une partie de son gage. On était au lendemain de la Saint-Martin, et la Zabelle avait quitté Mers, laissant sa dernière chèvre en paiement d’un reste dû sur son loyer. Elle venait habiter la petite locature dépendante du moulin du Cormouer, sans autre objet
de garantie qu’un grabat, deux chaises, un bahut et quelques vaisseaux de terre. Mais la maison était si mauvaise, si mal close et de si chétive valeur, qu’il fallait la laisser déserte ou courir les risques attachés à la pauvreté des locataires. Madeleine causa avec la Zabelle, et vit bientôt que ce n’était pas une mauvaise femme, qu’elle ferait en conscience tout son possible pour payer, et qu’elle ne manquait pas d’affection pour son champi. Mais elle avait pris l’habitude de le voir souffrir en souffrant elle-même, et la compassion que la riche meunière témoignait à ce pauvre enfant lui causa d’abord plus d’étonnement que de plaisir. Enfin, quand elle fut revenue de sa surprise et qu’elle comprit que Madeleine ne venait pas pour lui demander, mais pour lui rendre service, elle prit confiance, lui conta longuement toute son histoire, qui ressemblait à celle de tous les malheureux, et lui fit grand remerciement de son intérêt. Madeleine l’avertit qu’elle ferait tout son possible pour la secourir; mais elle la pria de n’en jamais parler à personne, avouant qu’elle ne pourrait l’assister qu’en cachette, et qu’elle n’était pas sa maîtresse à la maison. Elle commença par laisser à la Zabelle son chéret de laine, en lui faisant donner promesse de le couper dès le même soir pour en faire un habillement au champi, et de n’en pas montrer les morceaux avant qu’il fût cousu. Elle vit bien que la Zabelle s’y engageait à contrecoeur, et qu’elle trouvait le chéret bien bon et bien utile pour elle-même. Elle fut obligée de lui dire qu’elle l'abandonnerait si, dans trois jours, elle ne voyait pas le champi chaudement vêtu. “Croyez-vous donc, ajoutat-elle, que ma belle-mère, qui a l’oeil à tout, ne reconnaîtrait
pas mon chéret sur vos épaules? Vous voudriez donc me faire avoir des ennuis? Comptez que je vous assisterai autrement encore, si vous êtes un peu secrète dans ces choses-là. Et puis, écoutez: votre champi a la fièvre, et, si vous ne le soignez pas bien, il mourra. — Croyez-vous? dit la Zabelle; ça serait une peine pour moi, car cet enfant-là, voyez-vous, est d’un cœur comme on n’en trouve guère; ça ne se plaint jamais, et c’est aussi soumis qu’un enfant de famille; c’est tout le contraire des autres champis, qui sont terribles et tabâtres, et qui ont toujours l’esprit tourné à la malice. — Parce qu’on les rebute et parce qu’on les maltraite. Si celui-là est bon, c’est que vous êtes bonne pour lui, soyez-en assurée. — C’est la vérité, reprit la Zabelle; les enfants ont plus de connaissance qu’on ne croit. Tenez, celui-là n’est pas malin, et pourtant il sait très bien se rendre utile. Une fois que j’étais malade, l’an passé (il n’avait que cinq ans), il m’a soignée comme ferait une personne. — Ecoutez, dit la meunière: vous me l’enverrez tous les matins et tous les soirs, à l’heure où je donnerai la soupe à mon petit. J’en ferai trop, et il mangera le reste; on n’y prendra pas garde. — Oh! c’est que je n’oserai pas vous le conduire, et, de lui-même, il n’aura jamais l’esprit de savoir l’heure. — Faisons une chose. Quand la soupe sera prête, je poserai ma quenouille sur le pont de l’écluse. Tenez, d’ici, ça se verra très bien. Alors, vous enverrez l’enfant avec un sabot dans la main, comme pour chercher du feu, et puisqu’il
mangera ma soupe, toute la vôtre vous restera. Vous serez mieux nourris tous les deux. — C’est juste, répondit la Zabelle. Je vois que vous êtes une femme d’esprit, et j’ai du bonheur d’être venue ici. On m’avait fait grand-peur de votre mari qui passe pour être un rude homme, et si j’avais pu trouver ailleurs, je n’aurais pas pris sa maison, d’autant plus qu’elle est mauvaise, et qu’il en demande beaucoup d’argent. Mais je vois que vous êtes bonne au pauvre monde, et que vous m’aiderez à élever mon champi. Ah! si la soupe pouvait lui couper sa fièvre! Il ne me manquerait plus que de perdre cet enfant-là! C’est un pauvre profit, et tout ce que je reçois de l’hospice passe à son entretien. Mais je l’aime comme mon enfant, parce que je vois qu’il est bon, et qu’il m’assistera plus tard. Savez-vous qu’il est beau pour son âge, et qu’il sera de bonne heure en état de travailler?” C’est ainsi que François le Champi fut élevé par les soins et le bon cœur de Madeleine la meunière. Il retrouva la santé très vite, car il était bâti, comme on dit chez nous, à chaux et à sable, et il n’y avait point de richard dans le pays qui n’eût souhaité d’avoir un fils aussi joli de figure et aussi bien construit de ses membres. Avec cela, il était courageux comme un homme; il allait à la rivière comme un poisson, et plongeait jusque sous la pelle du moulin, ne craignant pas plus l’eau que le feu; il sautait sur les poulains les plus folâtres et les conduisait au pré sans même leur passer une corde autour du nez, jouant des talons pour les faire marcher droit et les tenant aux crins pour sauter les fossés avec eux. Et ce qu’il y avait de singulier, c’est qu’il faisait tout cela d’une manière fort tranquille, sans embarras, sans rien dire, et sans quitter son air simple et un peu endormi.