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Шагреневая кожа

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Оноре де Бальзак (1799-1850) французский писатель. Создатель многотомной эпопеи «Человеческая комедия», которая представляет собой художественное исследование жизни Франции XIX века. Роман «Шагреневая кожа» (1830-1831) входит в состав раздела «Философские этюды» этой эпопеи. В центре произведения волшебная кожа, исполняющая желания, обладателем которой становится Рафаэль де Валантен. Но существует условие: каждое исполненное желание сокращает жизнь ее владельца... В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала.
Бальзак, О. Шагреневая кожа : книга для чтения на французском языке : художественная литература / О. де Бальзак. - Санкт-Петербург : Антология : КАРО, 2016. - 352 с. - (Litterature classique). - ISBN 978-5-9925-1063-8. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/1048659 (дата обращения: 15.05.2024). – Режим доступа: по подписке.
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HDNDRE DE BALZAC





                LA PEAU DE CHAGRIN





LITTERATURE CLA5SIGJUE

Комментарии и словарь E. Г. Шабаловой





            КАРО


Санкт-Петербург

УДК 372.8
ББК 81.2Фр
     Б21














        Бальзак, Оноре де.
Б21 Шагреневая кожа : книга для чтения на французском языке. — Санкт-Петербург : Антология : КАРО, 2016. — 352 с. — (Litterature classique).

           ISBN 978-5-9925-1063-8.

           Оноре де Бальзак (1799-1850) — французский писатель. Создатель многотомной эпопеи «Человеческая комедия», которая представляет собой художественное исследование жизни Франции XIX века.
           Роман «Шагреневая кожа» (1830-1831) входит в состав раздела «Философские этюды» этой эпопеи. В центре произведения волшебная кожа, исполняющая желания, обладателем которой становится Рафаэль де Валантен. Но существует условие: каждое исполненное желание сокращает жизнь ее владельца...
           В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала.
УДК 372.8
ББК 81.2Фр

ISBN 978-5-9925-1063-8

© Антология, 2005
© КАРО, 2005

I

        LE TALISMAN

                         A Monsieur Savary membre de I’academie des sciences

STERNE. Tristram Shandy, ch. CCXXII

   Vers la fin du mois d’octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal au moment ou les maisons de jeu s’ouvraient, conformement a la loi qui protege une passion essentiellement imposable. Sans trop hesiter, il monta l’escalier du tripot designe sous le nom de numero 36.
   - Monsieur, votre chapeau, s’il vous plait? lui cria d’une voix seche et grondeuse un petit vieillard bleme, accroupi dans l’ombre, protege par une barricade, et qui se leva soudain en montrant une figure moulee sur un type ignoble.
   Quand vous entrez dans une maison de jeu, la loi commence par vous depouiller de votre chapeau. Est-ce une parabole evangelique et providentielle? N’est-ce pas plutot une maniere de conclure un contrat infernal avec vous en exigeant je ne sais quel gage? Serait-ce pour vous obliger a


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garder un maintien respectueux devant ceux qui vont gagner votre argent? Est-ce la police, tapie dans tous les egouts sociaux, qui tient a savoir le nom de votre chapelier ou le votre, et si vous l’avez inscrit sur la coiffe? Est-ce, enfin, pour prendre la mesure de votre crane et dresser une statistique instructive sur la capacite cerebrale des joueurs? Sur ce point, l’administration garde un silence complet. Mais, sachez-le bien, a peine avez-vous fait un pas vers le tapis vert, deja votre chapeau ne vous appartient pas plus que vous ne vous appartenez a vous-meme: vous etes au jeu, vous, votre fortune, votre coiffe, votre canne et votre manteau. A votre sortie, le Jeu vous demontrera, par une atroce epigramme en action, qu’il vous laisse encore quelque chose en vous rendant votre bagage. Si toutefois vous avez une coiffure neuve, vous apprendrez a vos depens qu’il faut se faire un costume de joueur.
    L’etonnement manifeste par le jeune homme en recevant une fiche numerotee en echange de son chapeau, dont heureusement les bords etaient legerement peles, indiquait assez une ame encore innocente; aussi le petit vieillard, qui sans doute avait croupi des son jeune age dans les bouillants plaisirs de la vie des joueurs, lui jeta-t-il un coup d’ail terne et sans chaleur, dans lequel un philosophe aurait vu les miseres de l’hopital, les vagabondages des gens ruines, les proces-verbaux d’une foule d’asphyxies, les travaux forces a perpetuite, les expatriations au Guazacoalco¹. Cet homme, dont la longue face blanche n’etait plus nourrie que par les soupes gelatineuses

   ¹ Guazacoalco - Гуасакоалько, река в Мексике; место ссылки преступников в эпоху реставрации

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de Darcet¹, presentait la pale image de la passion reduite a son terme le plus simple. Dans ses rides, il y avait trace de vieilles tortures, il devait jouer ses maigres appointements le jour meme ou il les recevait. Semblable aux rosses sur qui les coups de fouet n’ont plus de prise, rien ne le faisait tressaillir; les sourds gemissements des joueurs qui sortaient ruines, leurs muettes imprecations, leurs regards hebetes le trouvaient toujours insensible. C’etait le jeu incarne. Si le jeune homme avait contemple ce triste cerbere, peut-etre se serait-il dit: «Il n’y a plus qu’un jeu de cartes dans ce crnur-la!» L’inconnu n’ecouta pas ce conseil vivant, place la sans doute par la Providence, comme elle a mis le degout a la porte de tous les mauvais lieux. Il entra resolument dans la salle, ou le son de l’or exereait une eblouissante fascination sur les sens en pleine convoitise. Ce jeune homme etait probablement pousse la par la plus logique de toutes les eloquentes phrases de Jean-Jacques Rousseau², et dont voici, je crois, la triste pensee: Oui, je congois qu’un homme aille au jeu, mais c’est lorsque, entre lui et la mort, il ne voit plus que son dernier ecu.
    Le soir, les maisons de jeu n’ont qu’une poesie vulgaire, mais dont l’effet est assure comme celui d’un drame sanguinolent. Les salles sont garnies de spectateurs et de joueurs, de vieillards indigents qui s’y trainent pour s’y rechauffer, de faces agitees, d’orgies commencees dans le vin et decidees a finir dans la Seine. Si la passion y abonde, le

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    ¹ Darcet - Дарсе (1777-1844), французский химик, предложивший желатин в качестве дешевого продукта питания

    ² Rousseau -Руссо Жан-Жак (1712-1778), французский писатель и философ

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trop grand nombre d’acteurs vous empeche de contempler face a face le demon du jeu. La soiree est un veritable morceau d’ensemble ou la troupe entiere crie, ou chaque instrument de l’orchestre module sa phrase. Vous verriez la beaucoup de gens honorables qui viennent y chercher des distractions et les payent comme ils payeraient le plaisir du spectacle, de la gourmandise, ou comme ils iraient dans une mansarde acheter a bas prix de cuisants regrets pour trois mois. Mais comprenez-vous tout que doit avoir de delire et de vigueur dans l’ame un homme qui attend avec impatience l’ouverture d’un tripot? Entre le joueur du matin et le joueur du soir il existe la difference qui distingue le mari nonchalant, de l’amant pame sous les fenetres de sa belle. Le matin seulement, arrivent la passion palpitante et le besoin dans sa franche horreur. En ce moment, vous pourrez admirer un veritable joueur qui n’a pas mange, dormi, vecu, pense, tant il etait rudement flagelle par le fouet de sa martingale, tant il souffrait travaille par le prurit d’un coup de trente et quarante¹. A cette heure maudite, vous rencontrerez des yeux dont le calme effraye, des visages qui vous fascinent, des regards qui soulevent les cartes et les devorent. Aussi les maisons de jeu ne sont-elles sublimes qu’a l’ouverture de leurs seances. Si l’Espagne a ses combats de taureaux, si Rome a eu ses gladiateurs, Paris s’enorgueillit de son Palais-Royal dont les agaeantes roulettes donnent le plaisir de voir couler le sang a flots sans que les pieds du parterre risquent d’y glisser. Essayez de jeter un regard furtif sur cette arene, entrez?... Quelle nudite! Les murs couverts d’un papier gras a hauteur d’homme n’offrent pas une seule

   ¹ trente et quarante - трант э карант, азартная карточная игра

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image qui puisse rafraichir l’ame. Il ne s’y trouve meme pas un clou pour faciliter le suicide. Le parquet est use, malpropre. Une table oblongue occupe le centre de la salle. La simplicite des chaises de paille pressees autour de ce tapis use par l’or annonce une curieuse indifference du luxe chez ces hommes qui viennent perir la pour la fortune et pour le luxe. Cette antithese humaine se decouvre partout ou l’ame reagit puissamment sur elle-meme. L’amoureux veut mettre sa maitresse dans la soie, la revetir d’un malleux tissu d’Orient, et la plupart du temps il la possede sur un grabat. L’ambitieux se reve au faite du pouvoir tout en s’aplatissant dans la boue du servilisme. Le marchand vegete au fond d’une boutique humide et malsaine, en elevant un vaste hotel, d’ou son fils, heritier precoce, sera chasse par une licitation fraternelle. Enfin, existe-t-il chose plus deplaisante qu’une maison de plaisir? Singulier probleme! Toujours en opposition avec lui-meme, trompant ses esperances par ses maux presents, et ses maux par un avenir qui ne lui appartient pas, l’homme imprime a tous ses actes le caractere de l’inconsequence et de la faiblesse. Ici-bas rien n’est complet que le malheur.
    Au moment ou le jeune homme entra dans le salon, quelques joueurs s’y trouvaient deja. Trois vieillards a tetes chauves etaient nonchalamment assis autour du tapis vert; leurs visages de platre, impassibles comme ceux des diplomates, revelaient des ames blasees, des caurs qui depuis longtemps avaient desappris de palpiter, meme en risquant les biens paraphernaux d’une femme. Un jeune Italien aux cheveux noirs, au teint olivatre, etait accoude tranquillement au bout de la table, et paraissait ecouter ces pressentiments secrets qui crient fatalement a un joueur: - Oui. - Non! Cette tete meridionale

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respirait 1’or et le feu. Sept ou huit spectateurs, debout, ranges de maniere a former une galerie, attendaient les scenes que leur preparaient les coups du sort, les figures des acteurs, le mouvement de l’argent et celui des rateaux. Ces desaaivres etaient la, silencieux, immobiles, attentifs comme l’est le peuple a la Greve¹ quand le bourreau tranche une tete. Un grand homme sec, en habit rape, tenait un registre d’une main, et de l’autre une epingle pour marquer les passes de la Rouge ou de la Noire. C’etait un de ces Tantales modernes qui vivent en marge de toutes les jouissances de leur siecle, un de ces avares sans tresor qui jouent une mise imaginaire; espece de fou raisonnable qui se consolait de ses miseres en caressant une chimere, qui agissait enfin avec le vice et le danger comme les jeunes pretres avec l’eucharistie, quand ils disent des messes blanches. En face de la banque, un ou deux de ces fins speculateurs, experts des chances du jeu, et semblables a d’anciens formats qui ne s’effraient plus des galeres, etaient venus la pour hasarder trois coups et remporter immediatement le gain probable duquel ils vivaient. Deux vieux gareons de salle se promenaient nonchalamment les bras croises, et de temps en temps regardaient le jardin par les fenetres, comme pour montrer aux passants leurs plates figures, en guise d’enseigne. Le tailleur et le banquier venaient de jeter sur les pondeurs ce regard bleme qui les tue, et disaient d’une voix grele: - «Faites le jeu!» quand le jeune homme ouvrit la porte. Le silence devint en quelque sorte plus profond, et les tetes se tournerent vers le nouveau venu par curiosite. Chose inouie! les vieillards emousses, les employes petrifies, les spectateurs, et jusqu’au

    ¹ lepeuple a la Greve - толпа на Гревской площади

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fanatique Italien, tous en voyant 1’inconnu eprouverent je ne sais quel sentiment epouvantable. Ne faut-il pas etre bien malheureux pour obtenir de la pitie, bien faible pour exciter une sympathie, ou d’un bien sinistre aspect pour faire frissonner les ames dans cette salle ou les douleurs doivent etre muettes, ou la misere est gaie et le desespoir decent? Eh bien, il y avait de tout cela dans la sensation neuve qui remua ces creurs glaces quand le jeune homme entra. Mais les bourreaux n’ont-ils pas quelquefois pleure sur les vierges dont les blondes tetes devaient etre coupees a un signal de la Revolution?
    Au premier coup d’reil les joueurs lurent sur le visage du novice quelque horrible mystere, ses jeunes traits etaient empreints d’une grace nebuleuse, son regard attestait des efforts trahis, mille esperances trompees! La morne impassibilite du suicide donnait a ce front une paleur mate et maladive, un sourire amer dessinait de legers plis dans les coins de la bouche, et la physionomie exprimait une resignation qui faisait mal a voir. Quelque secret genie scintillait au fond de ces yeux voiles peut-etre par les fatigues du plaisir. Etait-ce la debauche qui marquait de son sale cachet cette noble figure jadis pure et brulante, maintenant degradee? Les medecins auraient sans doute attribue a des lesions au creur ou a la poitrine le cercle jaune qui encadrait les paupieres, et la rougeur qui marquait les joues, tandis que les poetes eussent voulu reconnaitre a ces signes les ravages de la science, les traces de nuits passees a la lueur d’une lampe studieuse. Mais une passion plus mortelle que la maladie, une maladie plus impitoyable que l’etude et le genie, alteraient cette jeune tete, contractaient ces muscles vivaces, tordaient ce creur qu’avaient seulement effleure les orgies, l’etude et la maladie. Comme, lorsqu’un celebre criminel

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arrive au bagne, les condamnes l’accueillent avec respect, ainsi tous ces demons humains, experts en tortures, saluerent une douleur inouie, une blessure profonde que sondait leur regard, et reconnurent un de leurs princes a la majeste de sa muette ironie, a l’elegante misere de ses vetements. Le jeune homme avait bien un frac de bon gout, mais la jonction de son gilet et de sa cravate etait trop savamment maintenue pour qu’on lui supposat du linge. Ses mains, jolies comme des mains de femme, etaient d’une douteuse proprete: enfin depuis deux jours il ne portait plus de gants! Si le tailleur et les garcons de salle eux-memes frissonnerent, c’est que les enchantements de l’innocence florissaient par vestiges dans ces formes greles et fines, dans ces cheveux blonds et rares, naturellement boucles. Cette figure avait encore vingt-cinq ans, et le vice paraissait n’y etre qu’un accident. La verte vie de la jeunesse y luttait encore avec les ravages d’une impuissante lubricite. Les tenebres et la lumiere, le neant et l’existence s’y combattaient en produisant tout a la fois de la grace et de l’horreur. Le jeune homme se presentait la comme un ange sans rayons, egare dans sa route. Aussi tous ces professeurs emerites de vice et d’infamie, semblables a une vieille femme edentee, prise de pitie a l’aspect d’une belle fille qui s’offre a la corruption, furent-ils pres de crier au novice: - Sortez! Celui-ci marcha droit a la table, s’y tint debout, jeta sans calcul sur le tapis une piece d’or qu’il avait a la main et qui roula sur Noir; puis, comme les ames fortes, abhorrant de chicanieres incertitudes, il lanca sur le Tailleur un regard tout a la fois turbulent et calme. L’interet de ce coup etait si grand que les vieillards ne firent pas de mise; mais l’italien saisit avec le fanatisme de la passion une idee qui vint lui sourire, et ponta sa masse d’or en opposition au jeu de

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