Одна страница любви
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Тематика:
Французский язык
Издательство:
КАРО
Автор:
Золя Эмиль
Коммент., словарь:
Кокорева А. Н.
Год издания: 2012
Кол-во страниц: 384
Дополнительно
Вид издания:
Художественная литература
Уровень образования:
ВО - Бакалавриат
ISBN: 978-5-9925-0729-4
Артикул: 066539.03.99
Роман «Одна страница любви» выдающегося французского писателя Эмиля Золя (1840 1902) - одно из серии произведений, посвященных жизнеописанию династии Ругон-Маккаров. В нем освещается одна из граней такого сложного и противоречивого чувства, как любовь. В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала.
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Emile Z □ LA UNE PAGE D'AMOUR LITTERATURE CLASSIQUE Комментарии и словарь A. H. Кокоревой ИЗДАТЕЛЬСТВО ШР© Санкт-Петербург
УДК 372.8 ББК 81.2 Фр-93 3 81 Золя Э. 3 81 Одна страница любви: Книга для чтения на французском языке. — СПб.: Антология, КАРО, 2012. - 384 с. — (Серия «Litterature Classique»). ISBN 978-5-9925-0729-4 Роман «Одна страница любви» выдающегося французского писателя Эмиля Золя (1840-1902) - одно из серии произведений, посвященных жизнеописанию династии Ругон-Маккаров. В нем освещается одна из граней такого сложного и противоречивого чувства, как любовь. В книге представлен неадаптированный текст на языке оригинала. УДК 372.8 ББК 81.2Фр-93 ISBN 978-5-9925-0729-4 2 © Антология, 2005 © КАРО, 2005
NOTE Je me decide a joindre a ce volume l’arbre genealogique des Rougon-Macquart. Deux raisons me determinent. La premiere est que beaucoup de personnes m’ont demande cet arbre. Il doit, en effet, aider les lecteurs a se retrouver, parmi les membres assez nombreux de la famille dont je me suis fait l’historien. La seconde raison est plus compliquee. Je regrette de n’avoir pas publie l’arbre dans le premier volume de la serie, pour montrer tout de suite l’ensemble de mon plan. Si je tardais encore, on finirait par m’accuser de l’avoir fabrique apres coup. Il est grand temps d’etablir qu’il a ete dresse tel qu’il est en 1868, avant que j’eusse ecrit une seule ligne; et cela ressort clairement de la lecture du premier episode, «la Fortune des Rougon», ou je ne pouvais poser les origines de la famille, sans arreter avant tout la filiation et les ages. La difficulte etait d’autantplus grande, que je mettais face a face quatre generations, et que mes personnages s’agitaient dans une periode de dix-huit annees seulement. La publication de ce document sera ma reponse a ceux qui m’ont accuse de courir apres l’actualite et le scandale. Depuis 1868, je remplis le cadre que je me suis impose, l’arbre genealogique en marque pour moi les grandes lignes, sans me permettre d’aller ni a droite ni a gauche. Je dois le suivre strictement, il est en meme UNE PAGE D’AMOUR 3
temps ma force et mon regulateur. Les conclusions sont toutespretes. Voila ce que j’ai voulu et voila ce que j’accomplis. Il me reste a declarer que les circonstances seules m’ont fait publier l’arbre avec «Unepage d’amour», cette cuvre intime et de demi-teinte. Il devait seulement etre joint au dernier volume. Huit ont paru, douze sont encore sur le chantier; c’est pourquoi la patience m’a manque. Plus tard, je le reporterai en tete de ce dernier volume, ou ilfera corps avec l’action. Dans mapensee, il est le resultat des observations de Pascal Rougon, un medecin, membre de la famille, qui conduira le roman final, conclusion scientifique de tout l’ouvrage. Le docteur Pascal l’eclairera alors de ses analyses de savant, le completerapar des renseignementsprecis que j’ai du enlever, pour ne pas deflorer les episodes futurs. Le role naturel et social de chaque membre sera definitivement regle, et les commentaires enleveront aux mots techniques ce qu’ils ont de barbare. D’ailleurs, les lecteurs peuvent deja faire une bonne partie de ce travail. Sans indiquer ici tous les livres de physiologie que j’ai consultes, je citerai seulement l’ouvrage du docteur Lucas: «l’Heredite naturelle», ou les curieux pourront aller chercher des explications sur le systeme physiologique qui m’a servi a etablir l’arbre genealogique des Rougon-Macquart. Aujourd’hui, j’ai simplement le desir de prouver que les romans publies par moi depuis bientot neuf ans, dependent d’un vaste ensemble, dont le plan a ete arrete d’un coup et a l’avance, et que l’on doit par consequent, tout en jugeant chaque roman a part, tenir compte de la place harmonique qu’il occupe dans cet ensemble. On se prononcera des lors sur mon cuvre plus justement et plus largement. EMILE ZOLA Paris, 2 avril 1878
PREMIERE PARTIE I La veilleuse, dans un cornet bleuatre, brulait sur la cheminee, derriere un livre, dont l’ombre noyait toute une moitie de la chambre. C’etait une calme lueur qui coupait le gueridon et la chaise longue, baignait les gros plis des rideaux de velours, azurait la glace de l’armoire de palissandre, placee entre les deux fenetres. L’harmonie bourgeoise de la piece, ce bleu des tentures, des meubles et du tapis, prenait a cette heure nocturne une douceur vague de nuee. Et, en face des fenetres, du cote de l’ombre, le lit, egalement tendu de velours, faisait une masse noire, eclairee seulement de la paleur des draps. Helene, les mains croisees, dans sa tranquille attitude de mere et de veuve, avait un leger souffle. Au milieu du silence, la pendule sonna une heure. Les bruits du quartier etaient morts. Sur ces hauteurs du Trocadero, Paris envoyait seul son lointain ronflement. Le petit souffle d’Helene etait si doux, qu’il ne soulevait pas la ligne chaste de sa gorge. Elle sommeillait d’un beau sommeil, paisible et fort, avec son profil correct et ses cheveux chatains puissamment noues, la tete penchee, comme si elle se fut assoupie en ecoutant. Au fond de la piece, la porte d’un cabinet grande ouverte trouait le mur d’un carre de tenebres. 5
EMILE ZOLA Mais pas un bruit ne montait. La demie sonna. Le balancier avait un battement affaibli, dans cette force du sommeil qui aneantissait la chambre entiere. La veilleuse dormait, les meubles dormaient; sur le gueridon, pres d’une lampe eteinte, un ouvrage de femme dormait. Helene, endormie, gardait son air grave et bon. Quand deux heures sonnerent, cette paix fut troublee, un soupir sortit des tenebres du cabinet. Puis, il y eut un froissement de linge, et le silence recommenca. Maintenant, une haleine oppressee s’entendait. Helene n’avait pas bouge. Mais, brusquement, elle se souleva. Un balbutiement confus d’enfant qui souffre venait de la reveiller. Elle portait les mains a ses tempes, encore ensommeillee, lorsqu’un cri sourd la fit sauter sur le tapis. - Jeanne!... Jeanne!... qu’as-tu? reponds-moi! demanda-t-elle. Et, comme l’enfant se taisait, elle murmura, tout en courant prendre la veilleuse: - Mon Dieu! elle n’etait pas bien, je n’aurais pas du me coucher. Elle entra vivement dans la piece voisine ou un lourd silence s’etait fait. Mais la veilleuse, noyee d’huile, avait une tremblante clarte qui envoyait seulement au plafond une tache ronde. Helene, penchee sur le lit de fer, ne put rien distinguer d’abord. Puis, dans la lueur bleuatre, au milieu des draps rejetes, elle apercut Jeanne raidie, la tete renversee, les muscles du cou rigides et durs. Une contraction defigurait le pauvre et adorable visage; les yeux etaient ouverts, fixes sur la fleche des rideaux. - Mon Dieu! mon Dieu! cria-t-elle, mon Dieu! elle se meurt! Et, posant la veilleuse, elle tata sa fille de ses mains tremblantes. Elle ne put trouver le pouls. Le caur semblait 6
s’arreter. Les petits bras, les petites jambes se tendaient violemment. Alors, elle devint folle, s’epouvantant, begayant: - Mon enfant se meurt! Au secours!... Mon enfant! mon enfant! Elle revint dans la chambre, tournant et se cognant, sans savoir ou elle allait; puis, elle rentra dans le cabinet et se jeta de nouveau devant le lit, appelant toujours au secours. Elle avait pris Jeanne entre ses bras, elle lui baisait les cheveux, promenait les mains sur son corps, en la suppliant de repondre. Un mot, un seul mot. Ou avait-elle mal? Desirait-elle un peu de la potion de l’autre jour? Peut-etre l’air l’aurait-il ranimee? Et elle s’entetait a vouloir l’entendre parler. - Dis-moi, Jeanne, oh! dis-moi, je t’en prie! Mon Dieu! et ne savoir que faire! Comme ca, brusquement, dans la nuit. Pas meme de lumiere. Ses idees se brouillaient. Elle continuait de causer a sa fille, l’interrogeant et repondant pour elle. C’etait dans l’estomac que ca la tenait; non, dans la gorge. Ce ne serait rien. Il fallait du calme. Et elle faisait un effort pour avoir elle-meme toute sa tete. Mais la sensation de sa fille raide entre ses bras lui soulevait les entrailles. Elle la regardait, convulsee et sans souffle; elle tachait de raisonner, de resister au besoin de crier. Tout a coup, malgre elle, elle cria. Elle traversa la salle a manger et la cuisine, appelant: - Rosalie! Rosalie!... Vite, un medecin!... Mon enfant se meurt! La bonne, qui couchait dans une petite piece derriere la cuisine, poussa des exclamations. Helene etait revenue en courant. Elle pietinait en chemise, sans paraitre sentir le froid UNE PAGE D’AMOUR 7
EMILE ZOLA de cette glaciale nuit de fevrier. Cette bonne laisserait done mourir son enfant! Une minute s’etait a peine ecoulee. Elle retourna dans la cuisine, rentra dans la chambre. Et, rudement, a tatons, elle passa une jupe, jeta un chale sur ses epaules. Elle renversait les meubles, emplissait de la violence de son desespoir cette chambre ou dormait une paix si recueillie. Puis, chaussee de pantoufles, laissant les portes ouvertes, elle descendit elle-meme les trois etages, avec cette idee qu’elle seule ramenerait un medecin. Quand la concierge eut tire le cordon, Helene se trouva dehors, les oreilles bourdonnantes, la tete perdue. Elle descendit rapidement la rue Vineuse, sonna chez le docteur Bodin, qui avait deja soigne Jeanne; une domestique, au bout d’une eternite, vint lui repondre que le docteur etait aupres d’une femme en couches. Helene resta stupide sur le trottoir. Elle ne connaissait pas d’autre docteur dans Passy. Pendant un instant, elle battit les rues, regardant les maisons. Un petit vent glace soufflait; elle marchait avec ses pantoufles dans une neige legere, tombee le soir. Et elle avait toujours devant elle sa fille, avec cette pensee d’angoisse qu’elle la tuait en ne trouvant pas tout de suite un medecin. Alors, comme elle remontait la rue Vineuse, elle se pendit a une sonnette. Elle allait toujours demander; on lui donnerait peut-etre une adresse. Elle sonna de nouveau, parce qu’on ne se hatait pas. Le vent plaquait son mince jupon sur ses jambes, et les meches de ses cheveux s’envolaient. Enfin, un domestique vint ouvrir et lui dit que le docteur Deberle etait couche. Elle avait sonne chez un docteur, le ciel ne l’abandonnait donc pas! Alors, elle poussa le domestique pour entrer. Elle repetait: 8
- Mon enfant, mon enfant se meurt!... Dites-lui qu’il vienne. C’etait un petit hotel¹ plein de tentures. Elle monta ainsi un etage, luttant contre le domestique, repondant a toutes les observations que son enfant se mourait. Arrivee dans une piece, elle voulut bien attendre. Mais, des qu’elle entendit a cote le medecin se lever, elle s’approcha, elle parla a travers la porte. - Tout de suite, monsieur, je vous en supplie. Mon enfant se meurt! Et, lorsque le medecin parut en veston, sans cravate, elle l’entraina, elle ne le laissa pas se vetir davantage. Lui, l’avait reconnue. Elle habitait la maison voisine et etait sa locataire. Aussi, quand il lui fit traverser un jardin pour raccourcir en passant par une porte de communication qui existait entre les deux demeures, eut-elle un brusque reveil de memoire. - C’est vrai, murmura-t-elle, vous etes medecin, et je le savais..Voyez-vous, je suis devenue folle..Depechonsnous. Dans l’escalier, elle voulut qu’il passat le premier. Elle n’eut pas amene Dieu chez elle d’une faeon plus devote.² En haut, Rosalie etait restee pres de Jeanne, et elle avait allume la lampe posee sur le gueridon. Des que le medecin entra, il prit cette lampe, il eclaira vivement l’enfant, qui gardait une rigidite douloureuse; seulement, la tete avait glisse, de rapides crispations couraient sur la face. Pendant une minute, il ne dit UNE PAGE D’AMOUR ¹ hotel, m - особняк ² Elle n’eutpas amene Dieu chez elle d'unefaconplus devote. -Приведи она к себе самого господа - и то она не воздала бы ему больших почестей. 9
EMILE ZOLA rien, les levres pincees. Helene, anxieusement, le regardait. Quand il apereut ce regard de mere qui l’implorait, il murmura: - Ce ne sera rien.... Mais il ne faut pas la laisser ici. Elle a besoin d’air. Helene, d’un geste fort, l’emporta sur son epaule. Elle aurait baise les mains du medecin pour sa bonne parole, et une douceur coulait en elle. Mais a peine eut-elle pose Jeanne dans son grand lit, que ce pauvre petit corps de fillette fut agite de violentes convulsions. Le medecin avait enleve l’abat-jour de la lampe, une clarte blanche emplissait la piece. Il alla entrouvrir une fenetre, ordonna a Rosalie de tirer le lit hors des rideaux. Helene, reprise par l’angoisse, balbutiait: - Mais elle se meurt, monsieur!... Voyez donc, voyez donc!... Je ne la reconnais plus! Il ne repondait pas, suivait l’acces d’un regard attentif. Puis, il dit: - Passez dans l’alcove, tenez-lui les mains pour qu’elle ne s’egratigne pas..La, doucement, sans violence.....Ne vous inquietez pas, il faut que la crise suive son cours. Et tous deux, penches au-dessus du lit, ils maintenaient Jeanne, dont les membres se detendaient avec des secousses brusques. Le medecin avait boutonne son veston pour cacher son cou nu. Helene etait restee enveloppee dans le chale qu’elle avait jete sur ses epaules. Mais Jeanne, en se debattant, tira un coin du chale, deboutonna le haut du veston. Ils ne s’en apereurent point. Ni l’un ni l’autre ne se voyait. Cependant, l’acces se calma. La petite parut tomber dans un grand affaissement. Bien qu’il rassurat la mere sur l’issue de la crise, le docteur restait preoccupe. Il regardait toujours la malade, il finit par poser des questions breves a Helene, demeuree debout dans la ruelle. 10