Мегрэ и человек на скамейке

Georges SIMENON




                MAIGRET ET L'HOMME AU BANC





ROMAN PDLICIER

Комментарии и словарь
0. П. Панайотти







                              ИЗДАТЕЛЬСТВО Ш(Р© Санкт-Петербург

  УДК 372.8
  ББК 81.2 Фр-93
        С 37












     Сименон Ж.
 С 37 Мегрэ и человек на скамейке: Книга для чтения на французском языке. — СПб.: КАРО, 2011. — 224 с. — (Серия “Roman policier”).

     ISBN 978-5-9925-0693-8.

        В тупике недалеко от Больших Бульваров в Париже найден труп мужчины. Комиссар Мегрэ начинает расследование и, как всегда, с блеском доводит его до конца.
        Неадаптированный текст на языке оригинала снабжен словарем и комментариями. Книга предназначена для студентов языковых вузов и всех любителей детективного жанра, владеющих французским языком.
УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93

ISBN 978-S-992S-0693-8

© КАРО, 2011

        ОБ АВТОРЕ








   Жорж Жозэ Кристиан Сименон (1903-1989) — франкоязычный писатель бельгийского происхождения, один из самых знаменитых в мире представителей детективного жанра в литературе, наиболее известный своими романами о полицейском комиссаре Мегрэ.
   Молодой Сименон не предполагал, что будет заниматься литературой. Учась в коллеже, он подрабатывал в редакции «Газетт де Льеж» — вел хронику происшествий и, собирая материал для статей, обзванивал полицейские участки города и посещал Центральный комиссариат.
   После ранней смерти отца будущему писателю пришлось самому зарабатывать на жизнь, и он отбыл в Париж, надеясь устроить там свое будущее. Какое-то время он подрабатывал в газетах и журналах в отделах судебной хроники. Однажды Сименону пришла в голову мысль, что он может написать роман не хуже, чем те, которыми он в те годы зачитывался, и за короткое время он создал свое первое крупное произведение — «Роман машинистки». Он вышел в 1924 году, и с того года всего за десять лет Сименон опубликовал 300 романов и рассказов под разными псевдонимами, в том числе и Жорж Сим.

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ОБ АВТОРЕ

   В 1929 году произошло событие, принесшее Сименону славу и сделавшее его одним из самых ярких представителей детективного жанра. Во время путешествия по голландским каналам он написал роман «Питер Латыш». В нем впервые появился полицейский комиссар Мегрэ, который был совсем не похож на других знаменитых «литературных» сыщиков — Эркюля Пуаро или Шерлока Холмса. Это обычный сотрудник полиции, не обладающий ни выдающимся аналитическим умом, ни особой культурой, однако он прекрасно разбирается в человеческой природе. Комиссар Мегрэ наделен здравым смыслом и имеет огромный жизненный опыт. Прежде всего он хочет понять, почему человек стал преступником, поэтому, невзирая на насмешки коллег, копается в его прошлом. Мегрэ видит свою цель не в том, чтобы только задержать преступника, но бывает доволен, когда ему удается предотвратить преступление.
   Свой первый роман из «Цикла Мегрэ» Сименон написал всего за шесть дней, а другие пять — за месяц. Всего же вышло восемьдесят произведений, где действует знаменитый комиссар парижской уголовной полиции. Его образ настолько полюбился читателям, что еще при жизни писателя в городе Делфзейл, где он придумал своего героя, был воздвигнут бронзовый памятник этому литературному персонажу.

Chapitre 1

        LES SOULIERS JAUNES







    Pour Maigret, la date etait facile a retenir, a cause de 1’anniversaire de sabelle-soeur, le 19 octobre. Et cetait un lundi, il devait s’en souvenir aussi, parce qu’il est ad-mis au quai des Orfevres¹ que les gens se font rarement assassiner le lundi. Enfin, cetait la premiere enquete, cette annee-la, a avoir un gout d’hiver.
    Il avait plu tout le dimanche, une pluie froide et fine, les toits et les paves etaient dun noir luisant, et un brouillard jaunatre semblait s’insinuer par les interstices des fenetres, a tel point que Mme Maigret avait dit:
    — Il faudra que je pense a faire placer des bourrelets.
    Depuis cinq ans au moins, chaque automne, Maigret promettait d’en poser le prochain dimanche.
    — Tu ferais mieux de mettre ton gros pardessus.
    — Ou est-il ?


     quai des Orfevres — набережная в Париже на острове Сите, где находится парижская уголовная полиция

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CHAPITRE 1

   — Je vais le chercher.
   A huit heures et demie, on gardait encore de la lu-miere dans les appartements, et le pardessus de Maigret sentait la naphtaline.
   Il ne pint pas de la journee. Tout au moins n’y eutil pas de pluie visible, mais les paves restaient mouilles, plus gras a mesure que la foule les pietinait. Puis, vers quatre heures de I’aprds-midi, un peu avant que la nuit tombe, la meme brume jaunatre que le matin etait des-cendue sur Paris, brouillant la lumiere des lampadaires et des etalages.
   Ni Lucas, ni Janvier, ni le petit Lapointe ne se trou-vaient au bureau quand le telephone avait sonne. Santoni, un Corse, nouveau dans la brigade, qui avait travaille dix ans aux Jeux, puis aux Mceurs¹, avait re-pondu.
   — C’est 1’inspecteur Neveu, du IIIе arrondissement, patron. Il demande s’il peut vous parler personnelle-ment. Il parait que c’est urgent.
   Maigret avait saisi 1’appareil:
   — J’ecoute, vieux.
   — Je vous telephone d’un bistrot du boulevard Saint-Martin. On vient de decouvrir un type tue d’un coup de couteau.
   — Sur le boulevard ?
   — Non. Pas tout a fait. Dans une sorte d’impasse.


     aux Jeux, puis aux Mceurs — в отделах, занимающихся игорным бизнесом и притонами

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   Neveu, qui etait du metier depuis longtemps, avait tout de suite devine ce que Maigret pensait. Les coups de couteau, surtout dans un quartier populaire, c’est ra-rement interessant. Rixe entre ivrognes, souvent. Ou bien reglement de comptes entre gens du milieu, entre Espagnols ou Nord-Africains.
   Neveu s’etait hate d’ajouter:
   — L’affaire me parait bizarre. Vous feriez peut-etre mieux de venir. C’est entre la grande bijouterie et la boutique de fleurs artificielles.
   — J’arrive.
   Pour la premiere fois, le commissaire emmenait Santoni avec lui et, dans la petite auto noire de la P. J.¹, il fut presque incommode par le parfum qui emanait de I’inspecteur. Celui-ci, qui etait de petite taille, por-tait de hauts talons. Ses cheveux etaient gomines et il avait un gros diamant jaune, probablement faux, a 1’an-nulaire.
   Les silhouettes des passants etaient noires dans le noir des rues, et les semelies faisaient flic flac sur le gras des paves. Un groupe dune trentaine de personnes sta-tionnait sur le trottoir du boulevard Saint-Martin, avec deux agents en pelerine, qui les empechaient d’avan-cer. Neveu, qui attendait, ouvrit la portiere de la voi-ture.
   — J’ai demande au medecin de rester jusqu a notre arrivee.

LES SOULIERS JAUNES

    ¹ P. J. = police judiciaire — уголовная полиция

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CHAPITRE 1

    C’etait le moment de la journee ou, dans cette partie populeuse des Grands Boulevards, 1’animation etait a son maximum. Au-dessus de la bijouterie, une grosse horloge lumineuse marquait cinq heures vingt. Quant a la boutique de fleurs artificielles, qui n’avait qu’une vi-trine, elle etait mal eclairee, si terne et si poussiereuse qu’on se demandait si quelqu’un s’y aventurait jamais.
    Entre les deux magasins debouchait une sorte d’impasse assez etroite pour qu’on ne la remarque pas. Ce n’etait qu’un passage entre deux murs, sans eclairage, qui conduisait vraisemblablement a une cour comme il en existe beaucoup dans le quartier.
    Neveu frayait un chemin a Maigret. A trois ou qua-tre metres, dans 1’impasse, ils trouvaient quelques homines, debout dans Ibbscurite et qui attendaient. Deux d’entre eux portaient des torches electriques. Il fallait у regarder de pres pour reconnaitre les visages.
    Il faisait plus froid, plus humide que sur le boulevard. Il regnait un courant d’air perpetuel. Un chien, qu’on repoussait en vain, se glissait entre les jambes.
    Par terre, contre le mur suintant, un homme etait etendu, un bras replie sous lui, l’autre, avec une main bleme au bout, barrant presque le passage.
    — Mort?
    Le medecin du quartier fit« oui» de la tete:
    — La mort a du etre instantanee.
    Une des torches electriques, comme pour souligner ces mots, promena son cercle lumineux sur le corps, donnant un relief etrange au couteau qui у etait reste plante. L’autre lampe eclairait un demi-profil, un ceil

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ouvert, une joue que les pierres du mur avaient egrati-gnee quand la victime etait tombee.
   — Qui Га decouvert ?
   Un des agents en uniforme, qui n’attendait que ce moment-la, savanna; on distinguait a peine ses traits. Il etait Jeune, emu.
   — J’effectuais ma tournee.¹ J’ai 1’habitude de jeter un coup dbeil dans toutes ces impasses, a cause des gens qui profitent de I’obscurite pour у faire leurs cochon-neries. J’ai apertju une forme par terre. J’ai d’abord pen-se que cetait un ivrogne.
   — Il etait deja mort ?
   — Oui. Je crois. Mais le corps etait encore tiede.
   — Quelle heure etait-il ?
   — Quatre heures quarante-cinq. J’ai siffle un colle-gue, et j’ai tout de suite telephone au poste.
   Neveu intervint.
   — C’est moi qui ai pris la communication, et je suis arrive aussitot.
   Le commissariat du quartier etait & deux pas, rue Notre-Dame-Nazareth.
   Neveu continuait:
   — J’ai charge mon collegue d’alerter le medecin.
   — Personne n’a rien entendu ?
   — Pas que je sache.²

LES SOULIERS JAUNES

   ¹ J’effectuais ma tournee. — Я патрулировал территорию.

² Pas que Je sache. — Насколько мне известно, нет.

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CHAPITRE 1

    On apercevait une porte, un peu plus loin, surmon-tee d’une imposte faiblement eclairee.
    — Qu’est-ce que c’est ?
    — La porte donne dans le bureau de la bijouterie. On s’en sert rarement.
    Avant de quitter le quai des Orfevres, Maigret avait fait prevenir 1’Identite judiciaire¹, et les specialistes ar-rivaient avec leur materiel et leurs appareils photogra-phiques. Comme tous les techniciens, ils ne s’occu-paient que de leur tache, ne posant aucune question, soucieux seulement de la fa^on dont ils allaient tra-vailler dans un couloir aussi etroit².
    — Qu’est-ce qu’il у a, au fond de la cour? demanda Maigret.
    — Rien. Des murs. Une seule porte, condamnee depuis longtemps, qui communique avec un immeuble de la rue Meslay.
    L’homme avait ete poignarde par derriere, c’etait evident, alors qu’il avait fait une dizaine de pas dans 1’impasse. Quelqu’un 1’avait suivi sans bruit, et les passants, dont le Hot s’ecoulait sur le boulevard, ne s’etaient aper^us de rien.

   ¹ Identit£ judiciaire — отдел сыскной полиции, занимающийся установлением личности преступников и потерпевших

   ² soucieux seulement de la fa^on dont ils allaient tra-vailler dans un couloir aussi etroit — озабоченные только тем, как они будут работать в такой тесноте

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