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Карьера и другие новеллы

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В предлагаемый вниманию читателей сборник вошли известные новеллы знаменитого французского писателя Андре Моруа (1885-1967). Неадаптированный текст новелл снабжен комментариями и словарем. Для учащихся старших классов языковых школ, студентов младших курсов языковых вузов и всех любителей современной французской литературы.
Моруа, А. Карьера и другие новеллы : книга для чтения на французском языке : художественная литература / А. Моруа. - Санкт-Петербург : КАРО, 2010. - 256 с. - (Litterature contemporaine). - ISBN 978-5-9925-0466-8. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/1048604 (дата обращения: 28.11.2024). – Режим доступа: по подписке.
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Andre MAU RD IS





                UNE CARRIERE




ET AUTRES NDU VELLES



LITTERATURE С О N T E M P О R A I N E

Подготовка текста, комментарии и словарь Л. П. Никулинской






ИЗДАТЕЛЬСТВО

Санкт-Петербург

2010

УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93
М79















     Моруа А.
М 70   Карьера и другие новеллы: Книга для чтения на фран     цузском языке. — СПб.: КАРО, 2010. — 256 с. — («Litterature contemporaine»).
     ISBN 978-5-9925-0466-8.
       В предлагаемый вниманию читателей сборник вошли известные новеллы знаменитого французского писателя Андре Моруа (1885-1967).
       Неадаптированный текст новелл снабжен комментариями и словарем. Для учащихся старших классов языковых школ, студентов младших курсов языковых вузов и всех любителей современной французской литературы.
УДК 372.8
ББК 81.2 Фр-93

ISBN 978-5-9925-0466-8

© КАРО, 2010

            ПРЕДИСЛОВИЕ









   В предлагаемый вниманию читателей сборник вошли новеллы знаменитого французского писателя Андре Моруа (1885-1967). События, описываемые в них, в основном, относятся к десятилетиям между двумя мировыми войнами, но они вполне могли бы произойти вчера или двести лет назад, потому что в этих коротких произведениях поднимаются вечные темы — любовь, ревность, грусть, тоска по прошлому. Юмор в них соседствует с драматизмом, тонкая психология — с неожиданными ситуациями, а реализм — с фантастикой. В то же время в некоторых новеллах звучат сатирические нотки — автор не скрывает отрицательного отношения к своим героям: к страдающей патологическим страхом ограбления чете Бордасков («Проклятие золотого тельца»), к псевдотворцам Шалону и Пьеру Душу («Карьера», «Рождение знаменитости»), к меркантильным мадам Верней и мадам Ромийи («Завещание»).
   Язык новелл Моруа прост, изящен, афористичен. Читатель попадает под обаяние его стиля — писатель не судит героев, а пытается объяснить их поступки. Позиция автора нейтральна, он не морализирует, а просто рассказывает истории из жизни самых разных людей — именно это определяет настрой его произведений.

            UNE CARRIERES









   Dans l’atelier du peintre Beltara se reunissent le troisieme samedi de chaque mois, le depute Lambert-Leclerc (en ce moment sous-secretaire d’Etat aux Finances¹), le romancier Civrac et Fabert, l’auteur de ce «Caliban Roi> qui vient d’avoir, au Gymnase², un succes de si rare qualite.
   — Cet enfant, leur dit-il, a ecrit un roman que je ne crois pas plus mauvais qu’un autre et que je veux, Civrac, te demander de lire. Mon cousin ne connait personne a Paris; il habite Bayeux, ou il est ingenieur.
   — Homme heureux, dit Fabert. Vous avez ecrit un livre, vous habitez la province et vous ne connaissez personne? Votre fortune est faite, monsieur. On va se disputer 1’honneur de vous decouvrir, et si vous etes attentif a bien con
   ¹ Finances — министерство финансов

   ² Gymnase — театр в Париже

struire votre legende, vous serez dans un an beau-coup plus celebre que notre ami Civrac lui-meme. Mais je vous donne un conseil: ne vous montrez pas... Bayeuxl Voila qui est bien, Bayeux. Qui ne serait sympathique vu de Bayeux? Non que vous ne paraissiez charmant, monsieur, mais il est humain de ne supporter le genie qu’a bonne distance.
   — Soyez malade, dit Lambert-Leclerc, il est fait de belles carrieres dans la maladie.
   — Et quoi que tu fasses, dit Beltara, ne lache pas ton metier. Un metier est un poste d’observation admirable. Si tu t’enfermes dans un cabinet de travail, dans un an tu ecriras des livres de pro-fessionnel, admirablement construits et parfaite-ment ennuyeux.
   — Imbecile! fit la voix apre de Civrac. «Un metier est un poste d’observation admirable». Comment un homme intelligent comme toi, Beltara, peut-il repeter de tels cliches? Que veux-tu qu’un ecrivain observe qu’il ne puisse trouver en lui-meme? Est-ce que Proust sortait de chez lui? Est-ce que Tolstoi quittait ses champs? Quand on lui demandait qui etait Natacha, il repondait: «Natacha, c’est moi».¹ Et Flaubert...

UNE CARRIERES

   ¹ «Natacha, c’est moi». — Несколько измененные слова Флобера об образе мадам Бовари: «Emma, c’est moi».

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ANDRE MAUROIS

   — Je te demande pardon, dit Beltara, Tolstoi vivait au milieu d’une immense famille et c’etait un des elements de sa force. Proust etait un homme qui allait au Ritz¹, qui avait des amis, et qui en tirait tout ce qu’il pouvait. Quant a Flaubert...
   — C’est entendu, coupa Civrac, mais imagine Proust prive de ses themes mondains, il aurait trouve autre chose a dire. Il est tout aussi admirable quand il parle de sa maladie ou de sa cham-bre, ou de sa vieille servante. D’ailleurs je vais te donner un exemple qui te convaincra que 1’intel-ligence la plus vive, pourvue par le hasard des chances d’observation les plus rares, ne suffit pas a produire une oeuvre. Notre ami Chalonnes... Qui eut mieux que lui 1’occasion et le temps d’observer les mondes les plus divers? Chalonnes a vu, et de pres, des peintres, des ecrivains, des industriels, des comediens, des hommes politiques, des diplomates, enfin toutes les scenes les plus cachees de la comedie humaine. Qu’en a-t-il fait? Nous le savons, helas!
   — Chalonnes, interrompit Lambert-Leclerc, que devient-il, Chalonnes? Est-ce que 1’un de vous a de ses nouvelles?

   ¹ Ritz — «Риц», отель и ресторан на Вандомской площади в Париже

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   — Nous avons le meme libraire, dit Civrac, et je 1’y rencontre encore quelquefois, mais il affec-te de ne pas me voir.
   Le jeune provincial se pencha vers son hote et demanda a mi-voix qui etait Chalonnes.
   — Civrac, dit Beltara, raconte a cet enfant la carriere de Chalonnes. Cela pent etre, a son age, un exemple utile.

   Civrac se redressa, s’assit sur le bord du divan; et de sa voix mordante, qui semblait detacher les syllabes a coups de dents, commenga aussitot un recit en forme:
   — Je ne sais, monsieur, si vous avez jamais en-tendu parler de la Grande Rhetorique du lycee Henri IV¹, la Rhetorique de 1893, aussi celebre autour du Pantheon que la grande promotion de Normale qui fut, vous le savez, celle de Taine, de Prevost-Paradol, de Sarcey et d’Edmond About².

UNE CARRIERES

    ¹ la Grande Rhetorique du lycee Henri IV — речь идет о выпуске 1893 года лицея Генриха IV

    ² la Normale (Ecole Normale) — высшее педагогическое учебное заведение Франции. Многие его выпускники стали очень известны в области литературы, искусства, политики: Taine (1828-1893) — Ипполит Адольф Тэн, историк, философ; Prevost-Paradol (1829-1870) — Люсьен Анатоль Пре-во-Парадоль, журналист и эссеист; Sarcey (1827-1899) — Франциск Сарсэ, журналист и театральный критик; Edmond About (1828-1885) — Эдмон Абу, писатель

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ANDRE MAUROIS

Cette classe fut, comme me le repete, chaque fois que je le rencontre, un de nos anciens maitres, une «pepiniere d’hommes illustres», puisqu’on у trou-vait en meme temps Beltara, Lambert-Leclerc, Fa-bert et moi-meme. Lambert-Leclerc, qui se prepa-rait deja a la vie publique, passait avec Fabert ses apres-midi aux courses...
   — Respecte mon Excellence, dit le ministre.
   — Ton Excellence etait le seul d’entre nous dont le temperament d’adolescent permit alors de prevoir l’avenir. Beltara ne montrait aucun gout particulier pour le dessin, Fabert aucune aptitude pour le theatre. Notre professeur de lettres, le pere Hamelin, lui disait: «Mon pauvre Fabert, vous ne saurez jamais le franqais». Jugement juste, mais qu’un public ignorant semble aujourd’hui reviser. Quant a moi, mon grand plaisir artistique etait alors de dessiner Venus sur les marges de mes cahiers. Chalonnes completait notre groupe.
   C’etait un gargon blond, aux traits fins et charmants, qui travaillait peu, lisait beaucoup, choisissait a ravir ses poetes et ses cravates, et avait pris sur nous, par la surete de son gout, une grande autorite. Vers ce temps-la, ayant lu 1’histoire des «Treize»¹,

   ¹1’histoire des «Treize» — «История Тринадцати», произведение О. де Бальзака, входит в раздел «Этюды о нравах» «Человеческой комедии»

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nous decidames de fonder, nous quatre et Chalonnes, la societe des «Cinq» Henri IV. Chacun des «Cinq» devait, dans la vie, soutenir les quatre autres en toutes circonstances. Il fut convenu qu’argent, influence, relations, tout ce qu’un des «Cinq» pourrait obtenir serait mis au service de la communaute. C’etait un beau projet, mais ce ne fut qu’un projet, parce que la fin de nos etudes nous separa. Son Excellence et moi, nous fimes notre droit; Fabert, qui avait besoin de gagner sa vie, en-tra dans la banque de son oncle; Beltara commenga la medecine. Le regiment nous dispersa plus com-pletement encore, puis le hasard. Pendant six ans, nous n’eumes les uns des autres que des nouvelles tout a fait rares.
   Au Salon de 1900¹, je vis pour la premiere fois une toile de Beltara. Je fus surpris de le re-trouver peintre, plus surpris encore de constater son talent. C’est toujours avec un etonnement profond qu’on en decouvre chez un ami d’enfan-ce. L’idee que les hommes de genie ont ete les camarades de quelqu’un ne nous aide pas a com-prendre que 1’un d’eux a pu etre le notre. Je lui ecrivis. Il m’invita a venir le voir. Son atelier me plut, j’y revins plusieurs fois et apres un long

UNE CARRIERES

   ¹ Salon de 1900 — одна из выставок Общества французских художников

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echange de lettres et de telegrammes je finis par organiser un diner des «Cinq». La, chacun ra-conta ce qu’il avait fait depuis le lycee.
   Par une suite d’accidents assez curieux, trois d’entre nous s’etaient ecartes de la carriere choi-sie pour eux par leurs parents. Beltara, ayant eu pour maitresse un modele, avait fait d’elle pour son propre plaisir des esquisses qui s’etaient trou-vees bonnes. Cette femme l’avait amene chez des peintres. Il avait travaille, reussi et, apres quel-ques mois, renonce a poursuivre ses etudes de medecine.
   Puis, retournant dans son Midi natal, il avait peint de nombreux portraits de negotiants mar-seillais et de leurs femmes, et avait gagne une vingtaine de mille francs qui lui avaient permis de travailler, des son retour a Paris, pour lui-meme. Il me montra des toiles qui «affirmaient un temperament», comme disaient alors les critiques d’art.
   Fabert, ayant fait jouer un acte par des amateurs pendant une soiree chez son oncle, avait regu de grands compliments d’un vieil auteur ami de la maison. Cet homme genereux, qui l’avait pris en amitie, venait de presenter a I’Odeon¹ la

   ¹ I’Odeon — Одеон, парижский театр. В 1946 г. объединен с «Комеди Франсэз»

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