Кармен
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Тематика:
Французский язык
Издательство:
КАРО
Автор:
Мериме Проспер
Коммент., словарь:
Корчанова Наталья Леонидовна
Год издания: 2017
Кол-во страниц: 160
Дополнительно
Вид издания:
Художественная литература
Уровень образования:
ВО - Бакалавриат
ISBN: 978-5-9925-1194-9
Артикул: 721129.01.99
Французский писатель XIX века Проспер Мериме (1803-1870) получил известность в первую очередь благодаря своим новеллам. Одна из самых знаменитых его новелл, «Кармен», повествует о несчастной любви баска Хосе и цыганки Кармен. Полный неадаптированный текст новеллы снабжен комментариями и словарем. Для учащихся старших классов гимназий и школ с углубленным изучением французского языка, для студентов языковых вузов и всех интересующихся французской литературой.
Тематика:
ББК:
УДК:
ОКСО:
- ВО - Бакалавриат
- 44.03.01: Педагогическое образование
- 44.03.05: Педагогическое образование (с двумя профилями подготовки)
- 45.03.01: Филология
- 45.03.02: Лингвистика
ГРНТИ:
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УДК 372.8 ББК 81.2 Фр-93 М52 ISBN 978-5-9925-1194-9 Мериме, Проспер. М52 Кармен : книга для чтения на французском языке. — Санкт-Петербург : КАРО, 2017. — 160 с. — (Littérature classique). ISBN 978-5-9925-1194-9. Французский писатель XIX века Проспер Мериме (1803– 1870) получил известность в первую очередь благодаря своим новеллам. Одна из самых знаменитых его новелл, «Кармен», повествует о несчастной любви баска Хосе и цыганки Кармен. Полный неадаптированный текст новеллы снабжен комментариями и словарем. Для учащихся старших классов гимназий и школ с углубленным изучением французского языка, для студентов языковых вузов и всех интересующихся французской литературой. УДК 372.8 ББК 81.2 Фр-93 © КАРО, 2017 Все права защищены
Πᾶσα γυνὴ χόλος ἐστίν˙ ἔχει δ’ ἀγαθὰς δύο ὥρας, τὴν μίαν ἐν θαλάμῳ, τὴν μίαν ἐν θανάτῳ. Palladas1 1 Πᾶσα γυνὴ χόλος ἐστίν˙ ἔχει δ’ ἀγαθὰς δύο ὥρας, τὴν μίαν ἐν θαλάμῳ, τὴν μίαν ἐν θανάτῳ. — (греч.) Всякая женщина — зло, но дважды бывает прекрасной: или на ложе любви, или на смертном одре. Паллад — древнегреческий поэт (IV в. н. э.)
I J’avais toujours soupçonné les géographes de ne savoir ce qu’ils disent lorsqu’ils placent le champ de bataille de Munda1 dans le pays des Bastuli-Pœni2, près de la moderne Monda, à quelque deux lieues au nord de Marbella. D’après mes propres conjectures sur le texte de l’anonyme, auteur du Bellum Hispaniense3, et quelques renseignements recueillis dans l’excellente bibliothèque du duc d’Ossuna4, je pensais 1 la bataille de Munda — битва при Мунде (17 марта 45 г. до н. э., юг современной Испании), последняя битва Юлия Цезаря в гражданской войне против республиканцев 2 Bastuli-Pœni — бастулы-финикийцы, название иберийского племени, жившего некогда на территории Испании 3 Bellum Hispaniense — «Записки об Испанской вой не» неизвестного автора 4 duc d’Ossuna — герцог Оссуна, вице-король Си цилии и Неаполя, владел богатейшей библиотекой
qu’il fallait chercher aux environs de Montilla1 le lieu mémorable où, pour la dernière fois, César joua quitte ou double2 contre les champions de la république. Me trouvant en Andalousie au commencement de l’automne de 1830, je fis une assez longue excursion pour éclaircir les doutes qui me restaient encore. Un mémoire que je publierai prochainement ne laissera plus, je l’espère, aucune incertitude dans l’esprit de tous les archéologues de bonne foi. En attendant que ma dissertation résolve enfin le problème géographique qui tient toute l’Europe savante en suspens, je veux vous raconter une petite histoire ; elle ne préjuge rien sur l’intéressante question de l’emplacement de Monda3. J’avais loué à Cordoue4 un guide et deux chevaux, et m’étais mis en campagne avec les 1 Montilla — Монтилья, город в окрестностях Кор довы 2 joua quitte ou double — пошел ва-банк, рискнул всем 3 Monda — Монда, город в Андалусии 4 Cordoue — Кордова, город в Андалусии
Commentaires de César1 et quelques chemises pour tout bagage. Certain jour, errant dans la partie élevée de la plaine de Cachena, harassé de fatigue, mourant de soif, brûlé par un soleil de plomb, je donnais au diable de bon cœur2 César et les fils de Pompée, lorsque j’aperçus, assez loin du sentier que je suivais, une petite pelouse verte parsemée de joncs et de roseaux. Cela m’annonçait le voisinage d’une source. En effet, en m’approchant, je vis que la prétendue pelouse était un marécage où se perdait un ruisseau, sortant, comme il semblait, d’une gorge étroite entre deux hauts contre-forts3 de la sierra de Cabra4. Je conclus qu’en remontant je trouverais de l’eau plus fraîche, moins de sangsues et de grenouilles, et peut-être un peu 1 Commentaires de César — имеются в виду «Запи ски о Галльской войне» Гая Юлия Цезаря 2 je donnais au diable de bon cœur — я от всей души посылал к черту 3 hauts contre-forts — высокие отроги 4 la sierra de Cabra — Сьерра де Кабра, горный масСьерра де Кабра, горный мас сив в Андалусии в районе Кордовы
d’ombre au milieu des rochers. À l’entrée de la gorge, mon cheval hennit, et un autre cheval, que je ne voyais pas, lui répondit aussitôt. À peine eus-je fait une centaine de pas, que la gorge, s’élargissant tout à coup, me montra une espèce de cirque naturel parfaitement ombragé par la hauteur des escarpements qui l’entouraient. Il était impossible de rencontrer un lieu qui promît au voyageur une halte plus agréable. Au pied des rochers à pic, la source s’élançait en bouillonnant, et tombait dans un petit bassin tapissé d’un sable blanc comme la neige. Cinq à six beaux chênes verts, toujours à l’abri du vent et rafraîchis par la source, s’élevaient sur ses bords, et la couvraient de leur épais ombrage ; enfin, autour du bassin, une herbe fine, lustrée, offrait un lit meilleur qu’on n’en eût trouvé dans aucune auberge à dix lieues à la ronde. À moi n’appartenait pas l’honneur d’avoir découvert un si beau lieu. Un homme s’y reposait déjà, et sans doute dormait, lorsque j’y pénétrai.
Réveillé par les hennissements, il s’était levé, et s’était rapproché de son cheval, qui avait profité du sommeil de son maître pour faire un bon repas de l’herbe aux environs. C’était un jeune gaillard, de taille moyenne, mais d’apparence robuste, au regard sombre et fier. Son teint, qui avait pu être beau, était devenu, par l’action du soleil, plus foncé que ses cheveux. D’une main il tenait le licol de sa monture, de l’autre une espingole de cuivre. J’avouerai que d’abord l’espingole et l’air farouche du porteur me surprirent quelque peu ; mais je ne croyais plus aux voleurs, à force d’en entendre parler et de n’en rencontrer jamais. D’ailleurs, j’avais vu tant d’honnêtes fermiers s’armer jusqu’aux dents pour aller au marché, que la vue d’une arme à feu ne m’autorisait pas à mettre en doute la moralité de l’inconnu. — Et puis, me disais-je, que ferait-il de mes chemises et de mes Commentaires Elzevir1 ? Je saluai donc 1 Elzevir — Эльзевир, название старинного изда тельского дома
l’homme à l’espingole d’un signe de tête familier, et je lui demandai en souriant si j’avais troublé son sommeil. Sans me répondre, il me toisa de la tête aux pieds ; puis, comme satisfait de son examen, il considéra avec la même attention mon guide, qui s’avançait. Je vis celui-ci pâlir et s’arrêter en montrant une terreur évidente. Mauvaise rencontre ! me dis-je. Mais la prudence me conseilla aussitôt de ne laisser voir aucune inquiétude. Je mis pied à terre ; je dis au guide de débrider, et, m’agenouillant au bord de la source, j’y plongeai ma tête et mes mains ; puis je bus une bonne gorgée, couché à plat ventre, comme les mauvais soldats de Gédéon1. 1 les mauvais soldats de Gédéon — плохие солдаты Гедеона. Намек на историю из библии о предводителе армии израильтян Гедеона, который для определения боевых качеств солдат наблюдал за тем, как они пьют воду из ручья: те, кто лакал воду языком по-собачьи, не выпуская из рук оружия, — закаленные в боях воины, бдительные и готовые к неожиданному нападению врага; те же, кто становился на колени и прикладывался ртом к воде, как это делают лошади, — плохие солдаты.
J’observais cependant mon guide et l’inconnu. Le premier s’approchait bien à contre-cœur1 ; l’autre semblait n’avoir pas de mauvais desseins contre nous, car il avait rendu la liberté à son cheval, et son espingole, qu’il tenait d’abord horizontale, était maintenant dirigée vers la terre. Ne croyant pas devoir me formaliser du peu de cas2 qu’on avait paru faire de ma personne, je m’étendis sur l’herbe, et d’un air dégagé je demandai à l’homme à l’espingole s’il n’avait pas un briquet sur lui. En même temps je tirais mon étui à cigares. L’inconnu, toujours sans parler, fouilla dans sa poche, prit son briquet, et s’empressa de me faire du feu. Évidemment il s’humanisait ; car il s’assit en face de moi, toutefois sans quitter son arme. Mon cigare allumé, je choisis le meilleur de ceux qui me restaient, et je lui demandai s’il fumait. 1 à contre-cœur — против собственной воли, с не охотой 2 formaliser du peu de cas — относиться недоста точно внимательно