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Lis en français (читай по-французски)

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Артикул: 708262.01.99
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Учебное пособие построено на материале современной бельгийской литературы. Использованы сказки и новеллы, принадлежащие перу Анн-Мари Треккер и Карло Мазони и признанные лучшими образцами франкоязычной словесности XX в. Цель пособия - активизировать самостоятельную работу студентов, включить их в работу по чтению аутентичных текстов различной сложности, способствовать более динамичному подходу к чтению литературы на французском языке и обогатить лексический запас обучающихся. Пересказ прочитанного, подготовка ответов на вопросы, обсуждение проблем, поднимаемых авторами, дают студентам возможность научиться резюмировать достаточно протяженные отрывки текста. Публикуется в авторской редакции.
Скоробогатова, Д.И. Lis en francais (читай по-французски) : учебное пособие / Т. И. Скоробогатова. Е. А. Манаенко ; Южный федеральный университет. - Ростов-на-Дону : Таганрог : Издательство Южного федерального университета. 2017. - 89 с. - ISBN 978-5-9275-2390-0. - Текст : электронный. - URL: https://znanium.com/catalog/product/1020501 (дата обращения: 22.11.2024). – Режим доступа: по подписке.
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МИНИСТЕРСТВО ОБРАЗОВАНИЯ И НАУКИ 
РОССИЙСКОЙ ФЕДЕРАЦИИ 
Федеральное государственное автономное образовательное  
учреждение высшего образования 
«ЮЖНЫЙ ФЕДЕРАЛЬНЫЙ УНИВЕРСИТЕТ» 
 
Институт филологии, журналистики и межкультурной коммуникации 
 
 
 
 
Т. И. Скоробогатова, Е. А. Манаенко 

 
 
 
LIS EN FRANÇAIS 
(ЧИТАЙ ПО-ФРАНЦУЗСКИ) 
 

 
 
Учебное пособие 
 
 
для самостоятельной работы 
студентов филологического профиля 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ростов-на-Дону – Таганрог 
Издательство Южного федерального университета 
2017 
 

1

УДК 811.133.1(076.6) 
ББК 81.2Фр-923 
         С445 
Печатается по решению кафедры романской филологии  
Института филологии, журналистики и межкультурной коммуникации 
Южного федерального университета (протокол № 4 от 19 декабря 2016 г.) 
 

Рецензенты: 

старший преподаватель кафедры социально-гуманитарных дисциплин 

Ростовской государственной консерватории им. С. В. Рахманинова                             

Л. А. Гаврильчук; 

доцент кафедры романской филологии Института филологии, журналистики 

и межкультурной коммуникации Южного федерального университета,  

кандидат филологических наук М. Н. Садовникова 
 
 
Скоробогатова,Т.И. 
С445 
 
Lis en français (читай по-французски) : учебное пособие 
/ Т. И. Скоробогатова, Е. А. Манаенко ; Южный федеральный 
университет. – Ростов-на-Дону ; Таганрог : Издательство Южного 
федерального университета, 2017. – 89 с. 
 
 
ISBN 978-5-9275-2390-0 
 
Учебное пособие построено на материале современной бельгийской 
литературы. Использованы сказки и новеллы, принадлежащие перу Анн-Мари 
Треккер и Карло Мазони и признанные лучшими образцами франкоязычной 
словесности XX в. 
Цель пособия – активизировать самостоятельную работу студентов, 
включить их в работу по чтению аутентичных текстов различной сложности, 
способствовать более динамичному подходу к чтению литературы на 
французском языке и обогатить лексический запас обучающихся. 
Пересказ прочитанного, подготовка ответов на вопросы, обсуждение 
проблем, поднимаемых авторами, дают студентам возможность научиться 
резюмировать достаточно протяженные отрывки текста. 
Публикуется в авторской редакции. 
 
УДК 811.133.1(076.6) 
ББК 81.2Фр-923 
 
ISBN 978-5-9275-2390-0 
© Южный федеральный университет, 2017 
© Скоробогатова Т.И., Манаенко Е.А., 2017 

2

TEXTE №1 

 

1.1. Lisez et traduisez le texte à coup de dictionnaire. 

 

Anne-Marie Trekker, LA CLÉ 

 

 
Un petit cimetière. Juché sur un mamelon de terre, un peu à l’écart du 

village. Autour de la chapelle, une centaine de tombes entourée de hauts murs de 

pierres qui protègent les visiteurs de la morsure du vent d’hiver et offrent une 

frange d’ombre à la brûlure du soleil d’été. Un espace hors du temps, planté d’un 

vieux tilleul centenaire. Quelques allées où poussent, dans le désordre, 

d’anciennes croix de pierre et de schiste au milieu des mornes dalles de granit 

des nouveaux arrivants. 

 
C’est l’été. Deux femmes ont trouvé refuge près de l’entrée, sur un banc 

dans un carré d’ombre. Elles ont rempli leurs cruches d’eau et se sont assises, 

essoufflées, les récipients posés à leurs pieds sur le sol caillouteux. Le temps 

d’échapper quelques minutes à la touffeur de cette fin d’après-midi. 

 
La plus jeune, Rosé-Marie, a le visage marqué de quelques rides mais le 

corps souple et gracieux. Elle porte une robe légère en lin bleu, qui découvre ses 

épaules rondes et bronzées. À son allure, on voit bien qu’elle n’est pas d’ici. Pas 

du village. 

 
L’autre, Roseline, paraît sans âge. Elle est de l’éternité. Le visage plissé de 

ridules et le corps mince et sec, perdu dans une robe sombre. Ses mouvements 

sont lents mais précis et le regard reste vif, à l’affût du moindre envol d’oiseau 

ou d’insecte dans ce lieu de silence. Sa main ne tremble pas, son dos est droit. 

 
— Alors, vous êtes revenue sur la tombe de votre grand-mère? interroge la 

vieille. C’est rare de voir des jeunes par ici. Ils n’ont plus le temps de faire la 

causette avec leurs disparus. Remarquez, je ne critique pas. Il est un temps pour 

3

chaque chose. Aujourd’hui, j’ai besoin de ce lien avec mes invisibles. Mes deux 

parents sont enterrés ici, dans le même caveau. Je viens leur rendre visite 

plusieurs fois par semaine. D’ici peu, je reposerai à côté d’eux, ma place est déjà 

retenue. Cela ne me fait pas peur. Au contraire, cela m’apaise de savoir où j’irai. 

 
— Quand donc sont-ils décédés? Je vous ai toujours connue seule, dit 

Rosé-Marie. 

 
— Ils ne venaient que rarement au village. Ils sont morts à la fleur de 

l’âge. À trois ans d’intervalle. Mon père, le premier, d’une hémorragie cérébrale, 

à cinquante ans. Et ma mère, d’un cancer fulgurant. Moi, j’habite ici depuis mes 

huit ans. J’ai vécu avec ma grand-mère maternelle après le divorce de mes 

parents. Ils étaient journalistes tous les deux. Alors, pensez, on ne les voyait 

jamais longtemps. Toujours à courir après les nouvelles. 

 
— Journaliste, un métier passionnant. Ils devaient en avoir des histoires à 

vous raconter lorsqu’ils revenaient. 

 
— Croyez-vous? Mon père était reporter international. Toujours sur les 

lignes de front. Quand il rentrait, c’était pour se reposer. Il m’interdisait même 

d’allumer la radio. Ma mère, elle, tenait la rubrique de mode dans un magazine 

féminin de l’époque. Son journal s’intitulait Anne-Marie. Je me souviens 

seulement des couvertures avec ces visages et ces silhouettes de femmes 

tellement différentes de celles du village. Des élégantes qui paraissaient n’avoir 

ni maison, ni mari, ni enfants. On aurait dit qu’elles étaient faites en cire ou en 

porcelaine, comme ces poupées que ma mère me rapportait parfois de la ville. Si 

fines, si joliment habillées, si fragiles aussi! Ma grand-mère m’obligeait à les 

poser sur l’étagère du salon où je pouvais les regarder mais pas les toucher. Non, 

mes parents ne me parlaient pas de leur métier et d’ailleurs cela ne m’intéressait 

pas. Nous vivions dans des mondes étrangers. Moi au village, eux à la ville. La 

seule chose qui m’importait, c’était de serrer très fort, chaque soir, ma clé du 

bonheur. Ce secret-là, je ne le partageais avec personne. Pas même avec ma 

4

grand-mère. Vous qui écrivez des histoires, vous devriez raconter cela. Si vous 

avez le temps, je veux bien vous en parler. 

 
Après avoir arrosé les fleurs de leurs tombes, les deux femmes reprennent 

le chemin du village, côte à côte. Peu à peu, une connivence s’installe, elles 

accordent leur démarche et leur respiration. La lenteur de la plus âgée apaise la 

tension que l’on perçoit dans les mouvements de la plus jeune. En retour, la 

vivacité de la cadette donne un élan à l’aînée dont la voix s’anime. 

 
Elles arrivent bientôt à la maison de Roseline, à l’entrée du hameau. La 

vieille pousse la porte et s’efface devant sa compagne qui pénètre la première 

dans la cuisine. Dans la pièce aux volets clos règne une agréable fraîcheur. La 

pénombre les absorbe toutes les deux. Rosé-Marie ôte ses lunettes de soleil et 

s’éponge le nez avec un mouchoir en papier. Roseline sert une menthe à l’eau. 

Un sirop qu’elle fabrique avec les plantes du jardin. Elle dépose sur la toile cirée 

une boîte métallique remplie de biscuits secs. Une pâte croquante qu’il faut 

casser à petits coups de dents incisifs et qui laisse sur la langue une saveur 

d’amandes et de pignons. 

 
Après quelques minutes de silence, Roseline se lève et se dirige vers le 

fond de la pièce. Elle y décroche une épaisse clé de métal gris suspendue à côté 

de la porte du jardin. 

 
— La voici. C’est la clé du bonheur! Celle dont je vous ai parlé. Depuis 

mes huit ans, elle ne m’a jamais quittée. 

 
La vieille dame tend la clé à Rosé-Marie qui la presse entre les mains. Les 

dessins du paneton s’inscrivent dans ses paumes. L’objet est magique, elle le 

pressent. 

 
Mise en confiance par ces gestes d’amoureuse, Roseline commence à 

raconter. 

 
— Je venais d’avoir huit ans. C’était l’été. Je vivais à Bruxelles avec mes 

parents. J’allais à l’école, j’étudiais bien, j’étais une petite fille très sage. Mon 

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père partait souvent en voyage pour son journal; ma mère pleurait parfois, en 

cachette, le soir, dans l’obscurité du salon. Je faisais semblant de ne pas 

l’entendre pour ne pas lui faire honte. J’avais compris que les grandes personnes 

n’aiment pas montrer leurs émotions, surtout devant les enfants. Lorsque mon 

père rentrait, il y avait quelquefois des disputes avec des cris étouffés dans la 

cuisine. On m’envoyait dans ma chambre, en disant: «Ce n’est rien! Va dormir. 

Ne t’occupe pas de cela, c’est une affaire entre grandes personnes.» 

 
Je m’endormais, convaincue qu’il y avait des disputes dans toutes les 

familles et que cela ne changeait rien au cours des choses. 

 
Cet été-là, une surprise m’attendait! Maman m’annonça que j’irais en 

vacances à la campagne chez mon oncle Nicolas et ma tante Berthe. J’accueillis 

la nouvelle avec joie car chez eux je pouvais jouer au jardin et jouir d’une liberté 

de mouvement impossible dans notre petit appartement. 

 
Tout se passa comme prévu. Un séjour de rêve! Tante Berthe et oncle 

Nicolas me traitaient comme une petite princesse. Au petit-déjeuner, je pouvais 

choisir les biscuits ou les crèmes que je préférais. Tout le jour, ce n’était que 

plaisirs, jeux et découvertes. Et le soir, nous dînions joyeusement tous les trois 

sur la terrasse. 

 
Mon moment préféré se situait au début de l’après-midi, lorsque ma tante 

faisait la sieste et que mon oncle m’emmenait au potager. Il détachait cette clé de 

la patère où elle était suspendue à côté des vêtements d’extérieur. J’enfilais un 

vieux tablier de Berthe dont Nicolas nouait les rubans en faisant deux fois le tour 

de ma taille et j’emportais mes outils: un petit arrosoir et un râteau. 

 
Je suivais fièrement mon oncle le long de l’allée de gravier qui traversait la 

pelouse et menait à une porte de bois peinte en vert. 

 
Mon oncle me tendait la clé. Je la faisais tourner dans la serrure bien 

huilée en la tenant fort des deux mains. J’appuyais de tout mon corps contre le 

lourd portail. Il s’ouvrait en grinçant. Je découvrais le paradis! 

6

Pendant deux heures, je m’affairais entre les carrés de légumes, arrosant, 

arrachant les mauvaises herbes ou encore cueillant les petits pois ou les haricots 

pour le repas du soir. Oncle Nicolas m’expliquait comment m’y prendre et me 

montrait les gestes précis qui facilitaient ma tâche. Parfois, il m’appelait: 

 
— Viens voir, petiote, la jolie chenille verte que j’ai trouvée. Regarde 

comme elle se tortille pour avancer. On dirait qu’elle danse. 

 
D’autres fois, nous jouions à nous asperger d’eau avec les arrosoirs. 

Je vivais un enchantement! Je découvrais une plénitude par le contact de 

ma peau avec la terre et les plantes. Il y avait aussi la présence, à la fois pataude 

et joyeuse, de ce gros bonhomme qu’était mon oncle. Une sorte d’ours 

débonnaire qui mêlait puissance virile et douceur bougonne. Près de cet homme
là, je me sentais tranquille. Rien de mauvais ne pouvait m’arriver. Je 

m’abandonnais à la joie de vivre. Bouger, respirer et même suer dans ce petit 

enclos du bout du monde représentait le bonheur. 

Vers les quatre heures, nous allions retrouver tante Berthe qui avait 

préparé le goûter et je remettais la clé à sa place. 

Les heures et les jours filaient, simples et pleins. Je fus très étonnée 

lorsque ma tante annonça que ma mère avait téléphoné et qu’elle viendrait me 

rechercher le lendemain. Je fis des efforts pour cacher ma tristesse. Je ne voulais 

surtout pas faire de chagrin à maman. Pourtant je n’avais aucune envie de quitter 

ces deux êtres délicieux qui veillaient avec la même chaleur attentive sur les 

légumes du potager et sur mon existence. 

Lorsque je vis arriver ma mère, je courus me réfugier aux cabinets pour 

essuyer mes larmes. Est-ce que je pressentais qu’elle apportait de mauvaises 

nouvelles? 

 
J’ai embrassé Maman. Lorsque je me suis dégagée de ses bras, j’étais 

enveloppée de son parfum. D’un seul coup, l’enchantement était rompu. Je 

n’appartenais plus à la campagne et au potager, j’étais redevenue Chanel N°5 de 

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la ville. Nous sommes parties très vite. Juste avant de franchir le seuil, je ne sais 

quelle inspiration m’a saisie et m’a fait rebrousser chemin. J’ai dit que j’allais 

aux toilettes. J’ai filé à toute vitesse vers la porte du jardin et j’ai attrapé la clé du 

potager. Je l’ai glissée dans ma poche, la serrant dans la main droite. Sur le 

chemin, j’ai fait signe à mon oncle et ma tante avec l’autre main. 

 
La gare nous attendait, déserte à cette heure de la matinée. Cela sentait la 

poussière et la solitude. Une odeur rance de retour au quotidien gris de la ville. 

 
Pendant toute la durée du trajet, nous nous sommes tues. Maman lisait un 

magazine et je regardais le paysage sans le voir. Bercée par le balancement du 

train, je me suis endormie. 

 
Dans l’appartement, maman s’est installée en face de moi au salon et elle 

m’a annoncé la chose! Mon père aimait une autre femme! Elle avait trouvé une 

lettre de cette personne dans la poche de son veston. Cela faisait des mois qu’elle 

le soupçonnait. Cette fois elle tenait une preuve évidente de sa trahison! Il avait 

avoué la vérité. Ils s’étaient disputé. Il avait hurlé, elle avait pleuré et finalement 

il était parti! Il ne reviendrait plus. Elle ne savait pas quand je le reverrais. Elle a 

ajouté, en sanglotant, que je ne devais pas être triste, que cela faisait longtemps 

qu’ils ne s’entendaient plus et que ce n’était pas une vie pour elle de continuer 

comme cela. 

 
Je n'ai rien répondu. J’ai juste poussé un cri. Un cri strident comme si 

j’avais vu une horreur. Une araignée ou un serpent! Et puis ma gorge s’est serrée 

et plus aucun son n’est sorti. Je me sentais trahie. 

 
Ce n’était pas tant l’annonce de leur séparation qui me bouleversait que la 

manière dont cela s’était passé. Ils avaient profité de mon absence pour tout 

saccager. Ils m’avaient projetée brutalement hors du monde de l’enfance! 

Pendant que je me croyais au paradis, ils avaient fabriqué leur sale coup. Je sus 

que je ne pourrais plus jamais leur faire confiance, ce qui était beaucoup plus 

grave que leur divorce! 

8

Je n’ai même pas pleuré. Ma désolation dépassait de beaucoup les larmes. 

Je crois bien que j’étais en état de choc. 

 
Je me suis couchée toute habillée sous les couvertures en regardant vers le 

mur. J’ai serré la clé dans ma main et j’ai senti monter une rage terrible. S’ils 

croyaient que je me laisserais faire sans me battre, ils se trompaient! La colère 

contractait mes mâchoires, mes yeux fulminaient, mes pieds frappaient contre le 

lit. Je n’étais plus qu’une boule de feu prête à ravager tout sur son passage. 

 
Les jours qui suivirent, je refusai de manger et de parler. Je me mis à 

perdre mes cheveux et à maigrir. Ma mère prit peur et m’envoya chez une 

psychologue qui conseilla de m’éloigner de l’appartement familial. C’est ainsi 

qu’il fut décidé de m’envoyer chez ma grand-mère, dans ce village que je n’ai 

plus jamais quitté. 

 
Avec le grand air de la campagne et la paisible attention de la vieille dame, 

ma confiance est revenue peu à peu. Ma grand-mère ne m’a jamais bousculée ni 

pressée. Elle attendait que les choses bougent avec une tranquille certitude. Cela 

se ferait le moment venu, ni plus tôt, ni plus tard. Rien ne servait de cueillir les 

fruits encore verts, ils n’auraient donné que des aigreurs d’estomac. 

 
Ma vie s'est remise en route, lentement mais sûrement, avec la tendre 

lumière du printemps et la chaude caresse de l’été. Je me suis adoucie, j’ai repris 

chair et parole. 

 
Mes premières expéditions à l’extérieur m’ont conduite au potager. J’y ai 

retrouvé les légumes de l’oncle Nicolas et les gestes qu’il m’avait appris. Parfois, 

grand-mère venait à mes côtés cueillir des petits pois ou des haricots pour le 

dîner. Elle ne posait pas de question, n’exigeait pas de réponse. Elle approuvait 

seulement mes progrès d’un petit hochement de la tête. Ma blessure cicatrisait. 

Au bout de six mois, mes cheveux ont repoussé, ils avaient changé de couleur. 

J’étais blonde, je me retrouvais brune. 

 
À la rentrée de septembre, je suis retournée à l’école. J’avais perdu une 

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